« Je sais combien vous êtes déçus ce soir. » La socialiste est la première des candidats à prendre la parole ce 10 avril. Le pari est totalement raté pour la maire de Paris, elle qui promettait de « faire mentir les sondages » dans ce premier tour de l’élection présidentielle de 2022. Avec 1,7 % des voix, selon l’estimation Ipsos & Sopra Steria (pour France Inter, France 2, Public Sénat et LCP-AN), la maire de Paris réalise le pire score du Parti socialiste sous la Ve République. Un niveau bien inférieur aux 6,36 % de Benoît Hamon de 2017, et même plus bas encore que les 5,01 % atteints par Gaston Defferre (SFIO) en 1969.
Inquiète d’une « extrême droite aux portes du pouvoir », la socialiste a appelé à faire barrage à Marine Le Pen de façon nette. « Je vous appelle à voter contre l’extrême droite de Marine Le Pen en vous servant du bulletin de vote Emmanuel Macron. » Cet appel est, selon ses mots, un « vote républicain » et « un choix de responsabilité », qui « n’efface en rien » les préoccupations environnementales et sociales de ses électeurs.
Promesse du « rassemblement de la gauche »
Affirmant ne « jamais baisser les bras », elle a annoncé poursuivre son engagement politique et a promis une reconstruction de la « républicaine et européenne, sociale et écologiste », la « gauche du réel ». « Cela commencera dès le lendemain de l’élection présidentielle, avec les législatives », a-t-elle annoncé. Et d’ajouter : « Nous travaillerons ensuite au rassemblement de la gauche dispersée qui n’a pas su s’unir quand il le fallait, dès l’automne avec les forces sociales et associatives, pour retisser en profondeur ses liens vitaux de confiance avec les classes populaires et moyennes et lui redonner la force d’incarner un nouvel espoir et une alternative pour demain. » La semaine dernière, les manœuvres ont déjà débuté au Parti socialiste, pour préparer l’après.
Malgré une multitude de déplacements sur le terrain, la socialiste n’est pas parvenue à stopper la dynamique baissière qui a caractérisé sa campagne sans interruption. Lorsqu’elle s’est déclarée candidate le 12 septembre dernier à Rouen, les enquêtes d’opinion la créditaient de 7 à 9 % d’intentions de vote. Vendredi dernier encore, sous une pluie battante, dans le quartier de Belleville, celle qui avait été réélue confortablement à l’Hôtel de ville en 2020, appelait les électeurs à voter « en toute liberté » et « avec son cœur ».
Anne Hidalgo derrière Fabien Roussel et Jean Lassalle
Avec seulement 1,7 % des suffrages exprimés, Anne Hidalgo relègue le poids de son parti dans une élection présidentielle parmi les plus petits candidats. Loin derrière les 21,7 % de Jean-Luc Mélenchon, mais également derrière l’écologiste Yannick Jadot (4,7 %), et même le communiste Fabien Roussel (2,4 %). Jamais depuis 1969, les socialistes n’avaient fait moins bien que les communistes. Jean Lassalle (Résistons !) avec 3,0 % se paye même le luxe de faire mieux que la maire de Paris. Seuls Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, sous la barre du 1 %, ont recueilli moins de voix.
Les difficultés risquent d’être financières pour le PS. Cinq ans après une déroute à la présidentielle et aux législatives, l’ancien parti de la rue de Solférino rate cette fois la barre des 5 %, synonyme d’un remboursement à hauteur de 8 millions d’euros des dépenses de campagne. Sous cette barre, le concours de l’État sera limité à 800 000 euros.