Dernier bain de foule pour Jacques Chirac, aux Invalides
Des larmes, des roses, des pommes et la pluie... Plusieurs milliers de personnes sont venus dimanche rendre un dernier hommage à Jacques Chirac,...
Par Marie GIFFARD et Anne-Sophie THILL
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Des larmes, des roses, des pommes et la pluie... Plusieurs milliers de personnes sont venus dimanche rendre un dernier hommage à Jacques Chirac, certains postés depuis l'aurore devant les grilles des Invalides où le cercueil de l'ancien chef d'Etat était exposé.
"C'est la première figure emblématique que j'ai connue de la France". Luca Gautier n'aurait raté pour rien au monde cette occasion d'un ultime adieu à ce "grand homme, charismatique, populaire, humain".
Le jeune homme de 19 ans est arrivé à 6h du matin de Cognac devant les grilles bleues de la cour pavée des Invalides. "Je lui ai écrit des lettres de son vivant, et là y en a une qui est prête, je suis sûr qu'il l'aura" dit-il en pressant sa main contre le revers de son veston.
"Très ému", Luca confie avoir versé une larme à l'annonce de sa mort, "la même larme que lorsque le cortège est passé tout à l'heure. Elle a pris le temps de rouler".
A la brasserie La Source à côté du monument au dôme doré, on observe la file d'attente. "C'est un truc de dingue cette foule. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait un bout de Chirac dans le cœur de chaque Français", s'étonne Joël Barde, un serveur.
Dans la cour des Invalides, l'ambiance est solennelle malgré les dizaines de journalistes rassemblés dans un coin.
Le parcours a été délimité par des rubans pour conduire les visiteurs jusqu'à l'église dont l'entrée est encadrée par deux drapeaux français où le cercueil est exposé.
Des personnes dans la cathédrale des Invalides à Paris pour saluer la dépouille de l'ex-président Jacques Chirac, le 29 septembre 2019
AFP
La voix grave de l'ancien président résonne entre les quatre murs de la cour, où des enceintes diffusent ses anciens discours, entrecoupés de la suite N°1 de Bach au violoncelle.
Dans le livret remis à l'entrée aux visiteurs, des citations de Jacques Chirac, des extraits de poésies qu'il aimait et de cours textes décrivant l'homme et ses journées...
Philippe Yanez a déjà fait ses adieux plusieurs fois à l'ancien président. D'abord rue de Tournon, au dernier domicile de Jacques Chirac, puis à l'Elysée où il a écrit un mot "à deux heures du matin".
"Il fallait que je sois là. En 95, j'étais à vélo, quand tout le monde le suivait. Et à un feu rouge, il a baissé sa vitre et m'a serré la main (...) De voir passer le corbillard, ça m'a rappelé 95, l'escorte, les motos. Mais pas la main..." déclare les yeux humides le sexagénaire de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine).
Plus loin dans la foule, Virginie Ferrera, 48 ans, est venue, non sans humour, avec une pomme. "Je l'aimais bien ce monsieur", sourit-elle.
- "De cette trempe, il n'y en a plus" -
Des centaines de personnes font la queue dans la cour des Invalides à Paris pour saluer la dépouille de l'ex-président Jacques Chirac, le 29/09/2019 Former French president Jacques Chirac died on September 26, 2019 at the age of 86.
AFP
A 14H00, les premiers visiteurs pénètrent dans l'enceinte et immortalisent l'instant avec leur téléphone portable, tandis que le reste de la foule patiente sous le ciel maussade, certains une fleur à la main, d'autres une pomme dans la poche ou avec une pancarte "Adieu président, vous nous manquez déjà".
Parmi les personnes qui se recueillent quelques secondes devant le cercueil, peu d'enfants, une majorité de têtes grises, plusieurs personnes en fauteuil roulant et même un homme allongé sur son brancard.
A la sortie du métro, Ibrahima Diawafa n'a pas encore pris place dans la longue queue de milliers de personnes qui serpente autour du pâté de maisons sur des centaines de mètres.
Une fleur à la main, il explique "avoir grandi sous son septennat et son quinquennat". "Grâce à lui, ma famille, mes six frères et mes parents maliens, nous avons pu avoir un logement à Villepinte. Y passer nos premiers Noëls ensemble", confie le jeune homme de 28 ans, qui se dit "de gauche".
"C'est une personne qui a bercé 53 ans de ma vie" raconte Isabelle Houdebert, une enseignante versaillaise, arrivée à 9h. "J'admirais son humanité, sa simplicité, sa culture, son amour de bien vivre, sa stature de chef d'Etat. De cette trempe, il n'y en a plus. Je vais lui écrire un petit mot pour le remercier de ce qu'il a fait".
Les yeux embrumés, Luca remet son enveloppe violette à un homme qui veille sur les cahiers de condoléances. "Je la glisserai dedans", lui promet celui-ci.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.