Départementales : les socialistes peuvent voir revenir « 4 ou 5 départements » dans leur giron, selon Patrick Kanner

Départementales : les socialistes peuvent voir revenir « 4 ou 5 départements » dans leur giron, selon Patrick Kanner

Lourdement défait en 2015, le Parti socialiste souhaite faire des élections départementales une base de « reconquête » et affiche des objectifs ambitieux. Les sénateurs socialistes préfèrent rester mesurés dans un contexte « d’abstention chronique et désespérante ».
Public Sénat

Par Pierre Maurer

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Sans trop s’avancer, gageons qu’ils ne pourront pas faire pire qu’en 2015. Lors des dernières élections départementales, alors qu’un président issu de leur rang dirigeait le pays en faisant face à des députés frondeurs, les socialistes avaient enregistré une sacrée déroute. La plus symbolique, peut-être : la perte de la Corrèze, département conquis en 2008 par François Hollande, fier d’avoir fait sien le fief chiraquien. Alors Premier ministre, Manuel Valls avait reconnu une victoire « incontestable » de la droite et un « net recul » de son camp. En tout, 29 départements étaient tombés dans l’escarcelle de la droite.

Cette fois-ci, les 20 et 27 juin prochains, le Parti socialiste espère récupérer ses territoires perdus. Les roses entendent conserver leurs 26 départements et même « en conquérir au moins 15 ». Ce qui les ramènerait à leur niveau d’avant 2015. « On a vraiment fait de la reconquête territoriale un élément déterminant de la reconstruction du PS », expliquait au Monde Pierre Jouvet, porte-parole du PS. D’autant que la gauche si souvent désunie peut se targuer d’avoir globalement réussi à accorder ses couleurs pour ce scrutin très local. « Il y a 71 départements dans lesquels il y a un accord entre les socialistes, les écologistes et les communistes », a mis en avant jeudi dernier le patron du PS, Olivier Faure, soulignant que dans 15 d’entre eux, « l’accord se fait en y rajoutant La France insoumise ».

Dans les faits, il faudrait s’attendre à un nombre plus limité de prises de guerre. « Quinze départements, ce serait l’idéal, mais je préfère miser sur 5 ou 6 et je serais très content si on arrive à 10 », tempère un cadre socialiste. Sont particulièrement visés « le Nord, les Bouches-du-Rhône et la Seine-Maritime », mais aussi les Côtes-d’Armor, la Drôme et le Vaucluse.

« La gauche rassemblée peut profiter du rififi à droite »

La « gamelle » de 2015 impose toujours la mesure. Patron des sénateurs socialistes et élu du Nord, Patrick Kanner reste marqué par le dernier scrutin. « On a perdu le Nord et tous les départements de Picardie d’un coup », souffle l’ancien ministre de François Hollande. Il table donc sur « 4 ou 5 départements qui peuvent basculer dans le giron socialiste » et s’appuie sur la dynamique de l’union. Exemple dans le Nord où les gauches font listes communes : « Il y a une explosion de la droite locale, sous les coups de boutoir de Xavier Bertrand ». Traduction : le président des Hauts-de-France, ancien LR, présente dans certains cantons ses propres candidats face aux sortants de droite. « Donc la gauche rassemblée peut profiter du rififi à droite. L’union est positive », reprend Patrick Kanner. D’autant que chaque candidat doit réunir 12,5 % des inscrits pour accéder au second tour, souligne le sénateur, ce qui dans un contexte d’abstention « chronique et désespérante » devrait éliminer les éventuelles triangulaires. « En 2015 la droite n’a pas gagné, c’est la gauche qui a perdu. Il y avait trop de concurrences », martèle Patrick Kanner.

« Le PS a toujours été pour l’union », souhaite rappeler le socialiste Rachid Temal, ancien premier secrétaire par intérim du parti. « Elle est faite d’une volonté de rassembler la gauche et l’écologie. Nous considérons que nous avons un socle important, mais que nous devons élargir. Pour pouvoir faire un accord, il faut être plusieurs. Il y a des discussions locales, mais c’est aussi le fait que dans les départements, on voit bien ce qu’est la droite et la gauche. Tout pousse pour », observe le directeur de la campagne d’Audrey Pulvar, tête de liste aux régionales en Ile-de-France. Un autre analyse la situation de sa région : « On devrait se maintenir en Seine-Saint-Denis et on a bon espoir dans l’Essonne. C’est plus compliqué pour les communistes dans le Val-de-Marne ».

« Ce scrutin est sans doute plus flou que jamais »

D’autres incertitudes demeurent. Dans son département de Saône-et-Loire, où il est tête de liste pour les socialistes, le sénateur Jérôme Durain n’arrive pas à mesurer « la prime au sortant ». « Ça jouera sans doute beaucoup », prédit-il. Au niveau national, lui aussi garde en mémoire la « régression marquée » de 2015. Mais la « configuration » de 2021 lui apparaît sensiblement meilleure. L’abstention reste inquiétante : « La mobilisation est un élément central de l’équation. Il y a la complexité de comprendre le scrutin et son équation politique, une atomisation, une perte de repères et de ce qui constitue la ligne de force de l’élection. Ce scrutin est sans doute plus flou que jamais. Et beaucoup des gens ne font pas la différence avec les régionales. » Les votes pour les deux élections se tiennent bien les mêmes jours.

Rachid Temal reste frileux quand il s’agit de lâcher un pronostic. « J’espère avoir au minimum le maintien de nos départements », préfère-t-il se contenter. Son parti a en tout cas, lancé l’offensive pour tenter de faire entendre ses propositions et son programme résolument tourné vers le « social ». Quinze présidents PS de conseils départementaux ainsi que la maire PS de Paris Anne Hidalgo, ont réclamé lundi le droit d’ouvrir le RSA aux jeunes de 18 à 25 ans et d’expérimenter un revenu de base. Quelques jours avant, la semaine dernière, les socialistes avaient présenté leurs engagements : « Créer un service public du maintien à domicile et de la prise en charge du handicap », recruter, directement par les départements des médecins salariés pour faire face aux déserts médicaux et « à mettre en place des cabinets itinérants » et toute une série de mesures sociales pour les plus fragiles. Rachid Temal résume : « C’est faire en sorte que les Français vivent mieux. » Reste à faire entendre le message jusqu’au dernier kilomètre.

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