Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde a estimé jeudi, au lendemain du départ du gouvernement de trois ministres MoDem, qu'"on est en train de créer une présomption de culpabilité".
"Je peux comprendre que François Bayrou veuille retrouver sa liberté de parole, même si, je vous le dis, je considère absurde cette manie maintenant que, dès qu'une enquête, un soupçon existe -et de ce point de vue-là, je suis d'accord avec François Bayrou- on fait démissionner les gens", a déclaré M. Lagarde sur RTL. "Parce que si ça se trouve, il n'y a rien et donc on vient de bousculer un équilibre gouvernemental sans raison", a-t-il ajouté.
"Je pense que c'est une régression de la démocratie, parce que la démocratie se base sur la présomption d'innocence, et qu'on a progressivement créé une présomption de culpabilité dès qu'un soupçon existe. Et je pense que c'est dangereux", a poursuivi ce dirigeant centriste et député de Seine-Saint-Denis.
"Faire l'objet d'une enquête, ça ne veut pas dire qu'on est coupable", a-t-il souligné.
Il a aussi noté que "la règle qui prévaut là pour des responsables du MoDem ne prévaut pas pour d'autres ministres qui sont restés au gouvernement", citant la ministre du Travail Muriel Pénicaud. "Il y a une enquête préliminaire aussi, et ça ne veut pas dire qu'elle est coupable", a-t-il dit, dans une évocation de l'affaire Business France.
Des perquisitions ont été menées mardi au siège du groupe publicitaire Havas et de l'agence nationale Business France dans le cadre de l'enquête sur l'organisation d'un déplacement en janvier 2016 à Las Vegas d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, selon des sources proches de l'enquête.
"Je pense qu'il faut laisser les gens travailler. Pour moi, la limite, elle n'est même pas dans la mise en examen, elle est dans le renvoi devant le tribunal correctionnel", a encore plaidé M. Lagarde.