François de Rugy (LREM) a appelé jeudi à "garder le sens des réalités" sur le "délit de solidarité", dont la réécriture fait partie des points sensibles du projet de loi "asile et immigration" débattu à l'Assemblée nationale.
Au lendemain d'une soirée de débats très tendus entre les députés, le président de l'Assemblée, issu des écologistes, a défendu une "adaptation" nécessaire de la législation face au "mouvement des migrations (qui) évolue".
S'il a salué le fait que "beaucoup de Français se mobilisent, (et) font un élan de solidarité" envers les migrants notamment, l'élu de Loire-Atlantique a appelé à "garder le sens des réalités" sur le délit de solidarité qui a conduit certaines personnes venant en aide aux migrants devant la justice.
"Il ne faudrait pas que, sous couvert de solidarité, ce soit en fait des passeurs", a-t-il justifié.
Les passeurs "donnent (aux migrants) une petite fiche, et ils mettent les numéros de téléphone, y compris d'associations et d'un certain nombre de gens, parfois de militants, qui eux ne sont pas dans la solidarité (mais) dans le militantisme contre les frontières", a-t-il poursuivi, évoquant notamment l'"association No Border".
"C'est un choix politique mais ce n'est pas le nôtre", a continué le président de l'Assemblée.
Interrogé sur le principe d'un plan de régularisations d'étrangers en situation illégale, M. de Rugy a répondu: "Moi ma réponse elle est non". "En tout cas pas comme ça a été fait en 1998 il y a vingt ans par Lionel Jospin qui avait fait une grande vague, 150.000 régularisations", a-t-il précisé.
"On croyait à l'époque que ça réglerait le problème, il est réapparu quelques années plus tard", a-t-il justifié.
Par ailleurs, le président de l'Assemblée nationale est revenu sur un incident de séance mercredi soir lors duquel la ministre auprès du ministre de l'Intérieur Jacqueline Gourault est sortie de ses gonds face à des questions répétées de députés LR pour savoir "si le gouvernement avait un "plan caché de 40.000 régularisations".
La ministre a alors rétorqué: "Obliger un ministre à répondre? Ce sont des méthodes autoritaires qui ne sont pas acceptables en démocratie".
"Les esprits s'échauffent un peu parfois (..) Dans tous les débats sur l'immigration il y a en effet des tensions", a-t-il assuré, dénonçant la formulation des questions des Républicains qui veulent selon lui "faire peur aux Français en prétendant que le gouvernement ne dit pas tout sur la question de l'immigration alors qu'au contraire tout est sur la table".