Déjeuner à l’Elysée : « Le dialogue est renoué » affirme Hervé Marseille

Déjeuner à l’Elysée : « Le dialogue est renoué » affirme Hervé Marseille

Réunis ce mercredi à l’Elysée, le président du Sénat et les présidents des groupes, rassurés sur la façon dont se déroulera la réécriture de l’article 24 de la loi sécurité globale, évoquent une séquence « constructive et apaisante ».
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Un temps pour apaiser les tensions. Tel était l’objectif du déjeuner qui a réuni, ce mercredi, le président du Sénat, les présidents de groupes et le président de la République, et le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau à l’Elysée. Dans un contexte tendu autour du projet de loi « sécurité globale », Emmanuel Macron espérait ainsi renouer le contact avec les membres de la Haute chambre, alors que les députés de la majorité sont soupçonnés de vouloir court-circuiter la navette parlementaire sur l’article 24.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est d’ailleurs livré à une ferme clarification, ce mardi, devant les rangs de la Haute assemblée, rappelant les rôles des deux Chambres du Parlement dans l’élaboration de la loi. « Le pouvoir législatif appartient au Parlement et à lui seul », a argué Gérard Larcher. « Aucune commission, aucun comité d’experts, dépourvu de légitimité démocratique, n’est habilité à réécrire un texte de loi en cours de navette. C’est le rôle du seul Parlement d’amender les textes de lois qui lui sont soumis, par l’exercice du droit d’amendement qui appartient à chaque parlementaire ». Une mise au point qui a provoqué les applaudissements des sénateurs de tous bords, réunis dans l’hémicycle.

Le Sénat rassuré sur l’article 24

Quelques heures après ce déjeuner « reconquête » qui s’est tenu sur plus de deux heures et demie, les élus de la Haute chambre saluent une réunion « constructive et apaisante ». « Ce genre de déjeuner est toujours un moment républicain et intéressant », réagit le président du groupe socialiste Patrick Kanner. « Le président de la République a écouté nos interventions en étant extrêmement attentif. Il a pris son temps pour écouter le Parlement et nous a longuement répondu. » « C’est bien qu’on se parle au lieu de s’invectiver, de s’interroger, c’est mieux d’évoquer les problèmes ensemble », renchérit le chef de file des sénateurs de la majorité François Patriat. « Et le chef de l’Etat n’a écarté aucun des problèmes, l’éventail des questions couvrait tout le spectre politique de l’actualité avec des réponses très précises du président. »

L’article 24 a ainsi largement été évoqué, et le président de la République a tenu à rassurer les sénateurs : le Sénat aurait bel et bien la main sur le sujet et pas question, pour la majorité, de malmener le processus législatif. « C’était une séquence rabibochage », affirme, sceptique, le président du groupe Les Républicains Bruno Retailleau. « Le président a assuré que le Sénat aurait toute sa place dans le processus législatif autour de la réécriture du texte, mais pour la suite, je crains que le naturel ne revienne au galop… ». La majorité des présidents de groupes, toutefois, se disent « confiants » et « rassurés » par les propos d’Emmanuel Macron sur le sujet, et satisfaits des réponses que le président leur a apporté sur les autres sujets d’actualité dont il a été question.

Un débat sans vote sur le vaccin au Parlement

« Ce déjeuner a été l’occasion d’un tour d’horizon complet et détaillé », affirme le président du groupe Les Indépendants Claude Malhuret. La situation sanitaire et les scenarii du gouvernement pour les semaines à venir ont également été évoqués. « J’ai interrogé le président sur la stratégie du gouvernement pour les mois à venir, sur le déconfinement et la campagne de vaccination », indique Claude Malhuret. Et s’il semblerait qu’Emmanuel Macron laisse désormais de côté l’hypothèse d’un isolement contraint, de nouvelles propositions seront faites dans les prochains jours, et un débat sans vote sur le vaccin aura lieu au Parlement, sans doute à la rentrée, précise Bruno Retailleau.

La réforme des retraites pas d’actualité

 

Autre sujet brûlant de ces derniers jours : la question de la réforme des retraites remise sur le tapis par le ministre de l’Economie Bruno le Maire. « Cette réforme a été votée à l’Assemblée nationale, elle pourrait donc tout à fait venir au Sénat », indique le chef de file des sénateurs centristes Hervé Marseille. « Mais le président de la République a indiqué qu’il fallait d’abord résoudre les difficultés sanitaires et économiques avant d’aborder cette question. Il y a un sujet mais il n’est pas d’actualité pour Emmanuel Macron. » Une position saluée par l’aile gauche du Sénat. « L’idée d’un recours à la réforme des retraites pour rembourser la dette de la Sécurité sociale a été évacuée, et c’est une bonne chose », soutient Patrick Kanner.

La mise en place d’un comité de liaison propre au Sénat

Car une question préoccupe les sénateurs de tous bords : celle de l’augmentation des personnes en situation de précarité. Et sur ce sujet, les arguments se sont opposés. « Il y a des vraies divergences sur la question de la répartition de la justice sociale », affirme le leader des sénateurs écologistes Guillaume Gontard. « Le zéro impôt qu’on veut nous faire accepter est limite et peut accentuer cette colère qu’il peut y avoir dans notre pays », soutient-il, lançant un « appel à la vigilance ». Mais si des désaccords persistent sur le fond, la forme du déjeuner a satisfait les sénateurs et suffit à apaiser les récentes tensions. « Ce déjeuner a été utile et manifeste le souhait de l’exécutif de parler au Parlement », soutient Hervé Marseille. « Un comité de liaison a été confirmé par le chef de l’Etat et le Président Larcher a souhaité qu’il y ait un comité de liaison spécifique pour le Sénat, c’est une bonne chose car l’existence d’un lien entre le Sénat est l’exécutif est primordiale, aujourd’hui plus que jamais. »

 

 

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