Jean-Paul Delevoye a décidé mardi de quitter ses fonctions au sein du groupe de formation IGS et s'est engagé à rembourser les "sommes perçues" si elles étaient jugées "incompatibles" avec sa fonction de haut-commissaire aux retraites, au lendemain d'une polémique sur sa déclaration d'intérêts, a-t-il indiqué à l'AFP.
"A ce jour, compte tenu des suspicions que certains n'ont cessé d'alimenter, j'ai mis un terme à toutes mes activités et je suis au clair par rapport à cela", a déclaré sans plus de détail Jean-Paul Delevoye devant l'Assemblée nationale, en réponse à une question du député LFI Adrien Quatennens.
"Tout mon parcours prouve mon souci de transparence et de respect des lois", a-t-il ajouté.
Jean-Paul Delevoye "a procédé ce matin à un réexamen de sa situation personnelle et a choisi de quitter ses fonctions au sein du groupe IGS", fédération d'associations indépendantes à but non-lucratif, avait annoncé son entourage mardi, peu avant son intervention.
Il n'est par conséquent "plus président (du think thank) Parallaxe" de HEP Éducation au sein de ce groupe de formation, un poste qu'il occupait depuis 2017, rémunéré en 2018 et 2019 à hauteur de 5.368,38 euros mensuels, soit un montant annuel de 64.420 euros net, selon sa déclaration d'intérêts mise en ligne sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Si cette instance "estime que mes activités à l'IGS étaient incompatibles avec l'exercice de mes fonctions je procéderai au remboursement des sommes perçues", a assuré le haut-commissaire à l'AFP en fin d'après-midi.
Jean-Paul Delevoye est entré au gouvernement en septembre.
Selon l'article 23 de la Constitution, "les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l'exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle".
Lundi, M. Delevoye, accusé de conflit d'intérêts avec le milieu des assurances, avait déjà démissionné de ses fonctions d'administrateur bénévole d'un institut de formation du secteur, l'Ifpass (Institut de formation de la profession de l'assurance), qu'il occupait depuis 2016 mais n'avait pas déclaré, comme l'a révélé Le Parisien en plein conflit sur la réforme des retraites.
Une "erreur" et "une omission par oubli", avait réagi M. Delevoye auprès du quotidien.
Dans un communiqué, M. Delevoye avait précisé avoir été "nommé administrateur de l'Ifpass (...) par le conseil d'administration de l'IGS" et n'avoir assisté "qu'à trois conseils d'administration" depuis sa nomination comme haut-commissaire à la réforme des retraites en octobre 2017, la dernière fois "en décembre 2018".
Pas de quoi apaiser l'opposition. "M. Delevoye déclare jusqu'à la plus insignifiante de ses fonctions bénévoles" comme la présidence de la Chartreuse de Neuville, une association des orchestres nationaux, "mais oublie de déclarer ses liens avec le monde de l'assurance", s'est indigné Adrien Quatennens à l'Assemblée.
"Vous voulez faire avaler au pays une réforme au service des assureurs des banques et des fonds de pension", a-t-il ajouté.
"Vous n'êtes plus l'homme de la situation", a renchéri un autre député LFI, Alexis Corbière.
Dans sa déclaration d'intérêts, M. Delevoye mentionne en revanche sa fonction de président de Parallaxe.
Y figure aussi, concernant ses activités passées, entre 2016 et 2017, une fonction de conseiller du délégué général d'IGS (25.000 euros net en 2016 et 40.000 euros net en 2017).
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