Décès de Paul Quilès : « En 2005, on voulait rassembler la gauche dans un programme commun », se souvient Marie-Noëlle Lienemann

Décès de Paul Quilès : « En 2005, on voulait rassembler la gauche dans un programme commun », se souvient Marie-Noëlle Lienemann

Ministre, député, maire, Paul Quilès est décédé ce vendredi à l’âge de 79 ans. Les sénateurs qui l’ont connu se souviennent de son intégrité, de sa grande fidélité à François Mitterrand et en l’union de la gauche.
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« C’est un des grands qui a accompagné François Mitterrand jusqu’au bout. Pour moi, qui étais jeune militant en 1981, c’était une référence », confie le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner à l’annonce de la mort de Paul Quilès, ce vendredi.

Homme d’Etat de la fin du XXIe siècle, le parcours politique de Paul Quilès démarre lors de la campagne présidentielle de 1981. Directeur de campagne de François Mitterrand. Il marquera les esprits et surtout la droite par sa phrase prononcée au discours du congrès PS de Valence. « Il ne faut pas se contenter de dire de façon évasive, comme Robespierre […] en 1794 : Des têtes vont tomber. Il faut dire lesquelles et le dire rapidement ! » La droite s’indigne contre celui qu’elle va surnommer dès lors « Robespaul ».

Gérard Longuet : « J’avais beaucoup de respect pour lui. Même s’il était assez fermé politiquement »

« C’était une phrase maladroite. Un trait de culture mal compris. Tous les gens qui ont une culture historique peuvent être amenés à faire des raccourcis que personne ne comprend. Ça m’est arrivé pendant ma carrière ». « Il faisait en fait référence à la chute de Robespierre en voulant expliquer qu’en politique, il vaut mieux identifier ses opposants plutôt que de se contenter d’une déclaration générale dans laquelle tout le monde peut se sentir visée », commente le sénateur LR Gérard Longuet qui l’a précédé au ministère des postes et des communications de 1986 à 1988. « Il avait une grosse capacité de travail et une grande intégrité. J’avais beaucoup de respect pour lui. Même s’il était assez fermé politiquement, il n’a pas remis en cause la réforme que j’avais entreprise, c’est-à-dire la création de France Télécom, l’ouverture à la concurrence et la dérégulation ».

Jean-Pierre Sueur : « Il me faisait confiance. J’ai exercé beaucoup de missions à sa demande »

Sous les deux septennats de François Mitterrand, Paul Quilès occupera successivement les postes de ministre du Logement (1983-1985 puis 1991-1992), des Transports (1984-1985 puis 1991-1992) , de la défense (1985-1986), des postes et télécommunications (1988-1991) et de l’Intérieur (1992-1993). Le sénateur PS, Jean-Pierre Sueur qui fût son secrétaire d’Etat place Beauvau garde le souvenir « de la très grande fidélité qu’il entretenait auprès de François Mitterrand ». « Il a mené la réforme de la Poste dans un esprit réformateur et lui a donné les moyens de poursuivre sa mission. Nos relations étaient cordiales et il me faisait confiance. J’ai exercé beaucoup de missions à sa demande. Sous sa tutelle, j’ai notamment porté la loi mettant fin au monopole des pompes funèbres ».

La fin de l’exercice du pouvoir de François Mitterrand correspond au début de sa vie parlementaire. Député socialiste de 1997 à 2007, il prit la présidence de la commission de la Défense de l’Assemblée en 1997 et est à la tête d’une mission d’information parlementaire sur le Rwanda en 1997. Au niveau local, après son échec à la mairie de Paris en 1983 contre Jacques Chirac, il fut maire de Cordes-sur-Ciel dans le Tarn, de 1995 jusqu’en 2020.

Marie-Noëlle Lienemann : « C’était un grand jaurèsien »

L’ancienne ministre et sénatrice membre du CRCE, Marie-Noëlle Lienemann salue ce vendredi, le défenseur « d’une République sociale ». « On s’est rapproché au moment du nom au référendum sur le traité de l’Union européenne en 2005. On a formé un club qui s’appelait Gauche Avenir pour rassembler la gauche dans un programme commun. On a déposé des motions ensemble, sans succès. Le PS était très hégémonique et pensait qu’on pouvait se passer de l’union de la gauche. On a vu ce que ça a donné. C’était un homme attaché aux valeurs de la gauche en opposition au glissement social-démocrate de François Hollande. C’était un grand jaurèsien. Moi, j’ai quitté le PS, lui ne l’a pas fait pour des raisons sentimentales. Il s’est, par la suite, beaucoup engagé sur le désarmement nucléaire ».

Paul Quilès a d’ailleurs écrit plusieurs ouvrages sur le sujet.

 

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