Si on cherche dans les prémices de l’engagement politique de Claude Goasguen, on est quasiment certain d’y trouver Gérard Longuet, qui a connu l’ancien maire du 16eme arrondissement lors de ses études. Le sénateur LR de la Meuse se rappelle « le sentiment de se retrouver en famille, avec ses amis corses, au bar du Panthéon, quand j’étais encore lycéen et lui étudiant en première année de droit. On a sympathisé par anticommunisme. Par le sentiment qu’il fallait s’engager sur le terrain politique en toute liberté. Et on a évolué de la même façon avec le souci de faire des choses utiles. » De ces années à l’extrême droite étudiante, les deux hommes vont ensuite évoluer, jusqu’à soutenir ensemble Valéry Giscard d’Estaing pour l’élection présidentielle de 1974, puis participer à la création de l’UDF en 1976.
« Il avait fait le choix de Paris, lui le mélange de corse et de breton. Quand moi le parisien j’ai fait le choix de la province, sans que cela rompe notre relation » se rappelle Gérard Longuet avant d’ajouter : « On a depuis participé à toutes les campagnes dans le même camp ».
« Un homme d’une grande intelligence, très cultivé »
Si certains se souviennent de ses coups de gueule, Gérard Longuet préfère se rappeler « d’un homme d’une grande intelligence, très cultivé. Qui avait surtout une passion de la France, à travers sa très grande connaissance de l’histoire. Sa connaissance de nos institutions, sa connaissance de la vie politique française ». Avant de raccrocher, le sénateur de la Meuse se remémore que leur relation était tellement forte qu’en tant que maire du 16ème arrondissement, il a tenu à marier plusieurs de mes filles ».
« Une forte tête »
Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine se rappelle lui aussi d’« une grande voix, un type qui jouait les grandes gueules mais qui était en réalité très cultivé. Surdiplômé qui avait des connaissances sur le droit, sur l’enseignement, qui étaient remarquables. Forte tête oui mais quelqu’un qui de la mairie du 16ème arrondissement au parlement, en passant par quand il était ministre ne laissait personne indifférent ».
Lui aussi a noué une relation particulière avec l’élu parisien devenu député et se rappelle : « Quand j’étais ministre des relations avec le Parlement, quand le PS nous invectivait en séance à l’Assemblée nationale, il suffisait que je me tourne vers Claude, sans un mot, juste par le regard, pour qu’il comprenne qu’il devait intervenir pour argumenter avec force contre eux ».
Pour Roger Karoutchi, Claude Goasguen représentait « la politique comme on la connaissait du temps où on considérait que la force de caractère, la force du verbe, la force de conviction c’était l’essentiel. Et il était les trois. Il va faire partie de ceux qui vont manquer dans le débat, pas seulement parisien mais dans le débat politique en général. »
Engagé jusqu’au bout
Sénatrice LR de Paris, Catherine Dumas garde avec un souvenir ému leur dernière rencontre, dans la campagne des municipales. « Quelques jours avant le premier tour, dans un meeting de Rachida Dati. Il était heureux d’être là, engagé comme toujours » se rappelle-t-elle. Avant de conclure :« Il va laisser un grand vide pour Paris et sa famille politique. C’est une page qui se tourne à Paris. Il a beaucoup compté dans les dernières décennies. Et sa personnalité forte et attachante va beaucoup nous manquer ».