« Il a fait de belles annonces, une belle ligne de programme pour l’année prochaine. Maintenant, on va attendre les résultats », a résumé à la sortie de l’Elysée, Ronan Loas, maire (Horizons) de Ploemeur dans le Morbihan.
Grand absent du 105e Congrès des maires de France, Emmanuel Macron avait réuni, mercredi soir, un parterre d’élus à l’Elysée. Émaillée par les violences à leur encontre et marquée par un sentiment d’« empêchement » et d’ « impuissance », selon en enquête du Cevipof, l’année a été difficile pour les élus locaux. Mardi, le président de l’AMF, David Lisnard a rappelé sa volonté de « changer de cadre ». « Trop d’administration tue le service public. Il faut libérer les collectivités territoriales et les communes, en finir avec la recentralisation », avait-il demandé en fustigeant la trop forte dépendance des communes aux dotations en l’absence de leviers fiscaux, alors que 27 milliards d’euros de dotation globale de fonctionnement sont alloués par l’État, aux communes, aux intercommunalités et aux départements.
Devant le millier d’élus conviés, le président de la République s’est dit « prêt à ce qu’on rouvre » le débat sur la fiscalité, en confiant au Comité des finances locales « un travail de refonte de la DGF (Dotation globale de fonctionnement) » pour aboutir à « un système plus juste, plus clair et plus lisible ».« Nous avons un système qui est cul par-dessus tête », a reconnu Emmanuel Macron devant son auditoire avant de s’engager en faveur d’une décentralisation « réelle et audacieuse » pour que chacun sache enfin « clairement qui fait quoi » car « le partage des compétences ça ne marche pas ».
« Il faut que ce sujet soit coconstruit par les élus locaux et pas issu d’un bidule démocratique »
« J’espère qu’on ne nous donnera pas des compétences supplémentaires sans nous donner les moyens par ce qu’on ne pourra pas répondre à tous », s’est inquiètée Valérie Revel, maire de Lescar (Pyrénées-Atlantiques).
« Il faut que ce sujet soit coconstruit par les élus locaux et pas issu d’un bidule démocratique qui serait inventé par des personnes moins connectées que nous », complète le maire de Ploemeur.
Sébastien Populaire, maire de Touillon-et-Loutelet dans le Doubs, rappelle que la DGF « est quelque chose d’un peu obscure pour les maires ». « On ne sait pas trop comment c’est calculé. Si on arrive à avoir quelque chose de clair qui nous donne de la liberté d’action, ça peut être quelque chose de positif ».
Autre sujet mis sur la table, le découragement des maires symbolisé par un nombre record de démissions à mi-mandat. Emmanuel Macron a annoncé qu’un texte de loi abordant notamment les questions de rémunération, de formation et de reconversion des élus locaux serait « finalisé l’année prochaine » pour « régler une partie du problème ». Un rapport du Sénat a appelé récemment à un nouvel effort de revalorisation de la gratification versée aux élus locaux, trois ans après les augmentations mises en place par la loi « Engagement et Proximité ». La mesure pourrait couter 52 millions d’euros par an.
« Je suis maire d’une commune de 5 000 habitants et je suis à 4,50 euros de l’heure »
« Les maires ne sont pas rémunérés. Moi, je suis avocat, ce n’est pas mon métier d’être maire. C’est une fonction politique temporaire. On a des indemnités qui, quand on les compare à d’autres pays européens, sont très faibles […] Il y a des gens qui sont effrayés par ça car quand on vient du privé, on perd forcément. On ne peut pas être au four et au moulin. C’est pour ça qu’on travaille sur le statut de l’élu, les possibles reconversions après avoir exercé un mandat, comment concilier la vie de famille », appuie Denis Thuriot, maire (Renaissance) de Nevers.
« On est la République du quotidien […] On est face à une société qui est violente, qui se fracture, qui nous met tous les jours la tête sur le billot sur les réseaux sociaux, donc on a besoin d’un véritable statut. Et dans ce statut il y a la reconnaissance du parcours professionnel et aussi la question des indemnités », plaide Xavier Compain maire de Plouha dans les Côtes-d’Armor avant de préciser : « Je suis maire d’une commune de 5 000 habitants et je suis à 4,50 euros de l’heure. Il y a un vrai problème. Ce qui serait bien c’est que les maires aient une rémunération équivalente à celui de leur secrétaire ou de leur directeur général des services. Dans ma mairie, mon directeur général des services gagne trois fois plus que moi ».
La Première ministre, Élisabeth Borne devrait détailler les annonces du Président, cet après-midi, lors de son discours de clôture du Congrès des maires de France.
(Sujet réalisé par Cécile Sixou et Pompeo Coppola)