Décentralisation : les élus jugent les avancées du gouvernement insuffisantes

Décentralisation : les élus jugent les avancées du gouvernement insuffisantes

Edouard Philippe a ouvert mardi la voie à plus de différenciation des politiques publiques en fonction des territoires, devant les élus...
Public Sénat

Par Dominique CHABROL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Edouard Philippe a ouvert mardi la voie à plus de différenciation des politiques publiques en fonction des territoires, devant les élus régionaux, réunis en congrès à Bordeaux, qui ont aussitôt jugé ses propositions insuffisantes.

"Nous sommes déterminés à mieux dialoguer avec les territoires, notamment les régions", a affirmé le Premier ministre, avant notamment la mise en oeuvre d'un nouvel acte de décentralisation annoncée pour 2020 par le gouvernement.

Pour améliorer la coordination en matière d'emploi, il a notamment "proposé à des régions volontaires une expérimentation visant à renforcer le pilotage des politiques de formation professionnelle".

A propos des lignes ferroviaires secondaires, un travail sera lancé "avec les régions et SNCF Réseau pour élaborer des plans d'action concrets ligne par ligne qui s'adaptent à la réalité de chaque région". Des "petites lignes" nécessaires à l'économie locale, dont les élus défendent âprement le maintien.

Edouard Philippe multiplie depuis la mi-septembre les rencontres avec les élus, après un début de quinquennat marqué par de fortes tensions entre l'exécutif et les collectivités.

"On doit pouvoir, en fonction des territoires, faire des décentralisations différentes", a-t-il souligné. Même s'il ajoute que la mise en oeuvre de la différenciation - la possibilité d'élaborer des politiques publiques différentes en tenant compte de la diversité des territoires- s'annonce "compliquée".

- Les élus veulent du concret -

Il s'est également dit favorable à la mise en place d'un comité Etat-régions qui se réunirait tous les trois mois pour coordonner les politiques communes, comme l'avaient suggéré les présidents de région.

Le Premier ministre Edouard Philippe (D) accueilli par le maire de Bordeaux Nicolas Florian, le 1er octobre 2019 à Bordeaux
Le Premier ministre Edouard Philippe (D) accueilli par le maire de Bordeaux Nicolas Florian, le 1er octobre 2019 à Bordeaux
AFP

"Peut-être que dans des régions aussi vastes que la Nouvelle-Aquitaine ou le Grand Est, les partis pris d'organisation des compétences seront différents de régions plus petites", a poursuivi le chef du gouvernement.

Des avancées jugées insuffisantes, "décevantes", par les présidents de régions, qui ont dénoncé au cours d'une conférence de presse "une réponse technique, pour ne pas dire technocratique, au lieu d'avoir un élan, une vision" sur la décentralisation.

"Je veux donner une chance au dialogue qui va s'engager, mais nous ne voudrions pas être les cocus d'un dialogue que nous avons eu pendant des mois pour aboutir à un texte décevant", a réagi le président de Régions de France, Hervé Morin (centriste). "Nous voulons assez rapidement du concret sur ce nouvel acte de la décentralisation", a-t-il insisté en clôture du congrès.

Hervé Morin avait auparavant plaidé pour qu'"à chaque fois qu'un territoire veut prendre telle ou telle compétence, l'on puisse avoir réellement des politiques différenciées selon les territoires".

"On est très très loin de nos attentes", a renchéri Carole Delga (PS), la présidence de la région Occitanie, déplorant des propositions "pas très nombreuses et encore assez floues", notamment en matière d'accompagnement des demandeurs d'emploi pour lequel les régions veulent être "à la manoeuvre".

Le président du Sénat Gérard Larcher a proposé pour sa part aux élus d'élaborer ensemble "la trame de cette nouvelle étape de la décentralisation, avec une véritable évaluation des conséquences". De façon à ce qu'élus locaux et parlementaires soient "prêts à confronter leur vision à celle de l'exécutif" lors de la discussion du projet de loi par le Parlement.

Gérard Larcher s'est à nouveau dit prêt à une révision de la Constitution, "à condition que nous ne perdions pas la proximité" entre les élus et les territoires, avec notamment une réduction trop importante du nombre de parlementaires.

Edouard Philippe a précisé que des concertations seront engagées prochainement avec les élus pour "réfléchir territoire par territoire" aux différents dispositifs à mettre en place.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Décentralisation : les élus jugent les avancées du gouvernement insuffisantes
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Décentralisation : les élus jugent les avancées du gouvernement insuffisantes
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le