La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Débat Macron/ Le Pen : qu’en a pensé la presse étrangère ?
Par Klara Durand
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« Certains avaient prédit un débat au goût de tisane. Emmanuel Macron et Marine Le Pen ayant chacun plus à perdre qu’à gagner à quatre jours du deuxième tour d’une présidentielle qui reste incertaine, l’un et l’autre seraient sagement restés en fond de court pour ne pas prendre le risque d’une volée hasardeuse. Il n’en a rien été », note d’entrée de jeu la journaliste du quotidien belge Le Soir, à propos du débat. Selon celle-ci, les deux finalistes de la présidentielle ne se sont pas épargné avec un Président qui s’est montré « plus mordant », ajoute-t-elle. Une analyse similaire à celle du journal italien la Stampa, qui titre même : « Macron gagne l’affrontement contre Le Pen ».
Un Emmanuel Macron dominant le débat pour la presse allemande
Un constat majoritairement partagé par la presse allemande. La plupart des journaux soulignant l’attaque portée par Emmanuel Macron à Marine Le Pen sur ses relations avec la Russie de Poutine : « Macron a réussi à démontrer la politique russe de Le Pen. Dans une volte-face surprenante, Le Pen s’est d’abord posée en défenseure de l’Ukraine. Elle a déclaré qu’elle soutenait les sanctions contre la Russie, les livraisons d’armes et l’aide financière à Kiev. Elle a explicitement mentionné son ancien compagnon Louis Aliot qui, en tant que maire de Perpignan, s’était rendu en Pologne en autocar pour offrir un foyer temporaire à des réfugiés ukrainiens dans le sud de la France », détaille le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, avant d’ajouter : « Mais Macron a rappelé à Le Pen qu’elle avait reconnu en 2014 l’annexion de la Crimée et le résultat du référendum organisé par Moscou. Elle aurait également contracté en 2015 un prêt d’un million d’euros auprès d’une banque russo-tchèque, ce qui l’aurait placée sous la dépendance de Vladimir Poutine.» Le journal Der Spiegel va même plus loin, titrant simplement : « Le service est assuré. Et avantage à Macron ».
Une Marine Le Pen plus « modérée » et un Emmanuel Macron transformé en « professeur »
Toutefois, si Emmanuel Macron a dominé le « contenu et la dialectique », selon le journal espagnol de centre gauche El Pais, celui-ci ajoute qu’il ne l’a pas mise « hors-jeu », comme il y a cinq ans. « Le Pen a résisté. Elle a adouci son image, elle est plus rompue à l’exercice », note-t-il, estimant que le président sortant n’a que peu rappelé l’origine du parti de son adversaire :
« Bien qu’elle soit la candidate de l’extrême-droite, le Président a renoncé à lui appliquer le qualificatif. Il a préféré remettre en question sa compétence à gouverner », rapporte El Pais.
Pour le journal de centre droit italien, le Corriere della Sera, la candidate a tenu presque deux heures sans prononcer une seule fois les mots « immigration » ou « Islam », précisant que : « La mutation du Front National au Rassemblement national, de l’extrémisme de Jean-Marie Le Pen à la néogentillesse de sa fille Marine, apparaît enfin complète, mais arrive probablement trop tard », tandis que le Président sortant a moyennement réussi sa mission : « Macron avait une tâche fondamentale : ne pas ressembler au jeune homme arrogant qui maltraite une gentille dame. Il n’y est parvenu qu’en partie : impatient sur la chaise, regard souvent suffisant, après une heure et quarante minutes, il ne s’est plus retenu et a répété « Madame Le Pen, Madame Le Pen, Madame Le Pen… », secouant la tête, comme un professeur mécontent de l’élève, comme d’habitude », décrit-il.
Un débat entre « arrogance » et « dégoût »
Le Washington Post partage cette impression d’attitude manquée de la part du président sortant : « Macron a peut-être eu le plus grand défi à relever. Sa position de titulaire l’a laissé plus exposer aux critiques qu’il y a cinq ans. Il devait défendre son bilan et mettre en lumière les faiblesses potentielles de la candidate, notamment ses propositions controversées en matière d’immigration. Mais il devait également trouver le juste milieu entre réfuter les critiques de Marine Le Pen et ne pas donner l’impression d’ignorer les thèmes qui comptent pour les électeurs. Il n’a pas toujours réussi », analyse le journal américain.
De son côté, le journal allemand Zeit Online Startseite décrit les failles à cet aspect modéré voulu par Marine Le Pen, rappelant que la fin du débat est une piqûre de rappel sur le vrai visage de la candidate d’extrême-droite :
« Ce n’est qu’à la fin que Marine Le Pen montre son vrai visage. Elle se promène à la télévision comme si sa politique d’extrême droite était un projet comme les autres », insiste-t-il, amère.
Le média anglais, The Guardian, va plus loin dans la critique de ce débat : « Il s’agissait d’un match entre deux candidats à la présidence, l’un inspirant la peur et l’autre le dégoût. Lors du débat très attendu de mercredi soir, Marine Le Pen a voulu montrer que les Français ne devaient pas avoir peur de lui donner une chance de diriger le pays, tandis qu’Emmanuel Macron était déterminé à fixer son image d’homme que les Français aiment détester. »