Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Darmanin a « tout à fait le droit d’avoir à titre personnel des mots amicaux » pour Sarkozy, selon Gabriel Attal
Par Public Sénat
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La condamnation à trois ans de prison, dans un an ferme, pour corruption active et trafic d’influence de Nicolas Sarkozy dans l’affaire « des écoutes », continue d’être commentée. Les critiques sur cette décision, dont l’ancien chef de l’Etat a fait appel, se sont multipliées à droite. Au gouvernement, Nicolas Sarkozy a bénéficié du soutien du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui est l’un de ses anciens lieutenants politiques.
Des propos rappelés ce mercredi au Sénat par la sénatrice PS, Marie-Pierre de la Gontrie, lors des questions d’actualité au gouvernement : « Nicolas Sarkozy, dans ces moments difficiles, a évidemment mon soutien ». « Lorsque le ministre de l’Intérieur s’exprime face caméra dans un déplacement officiel, ce n’est pas un propos privé, c’est la position du gouvernement » affirme la sénatrice PS de Paris, qui demande au premier ministre s’il « partage » les propos de son ministre, et s’ils sont « compatibles avec sa fonction ».
« Gérald Darmanin a commencé par dire « je n’ai pas de commentaire à faire sur une décision de justice » »
Réponse du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. « En tant que membre du gouvernement, je n’ai pas de commentaire à faire sur une décision de justice. Il y a une séparation des pouvoirs, un état de droit », commence le secrétaire d’Etat, qui « regrette » que la sénatrice n’ait pas cité « l’intégralité de la phrase ». « Gérald Darmanin a commencé par dire « je n’ai pas de commentaire à faire sur une décision de justice ». Il l’a dit très clairement. Qu’il ait ensuite, à titre personnel, des mots amicaux pour une personne qu’il connaît, c’est tout à fait son droit et sa possibilité. Mais l’important, c’est que l’ensemble des membres du gouvernement, nous nous en tenions à une ligne, et a fortiori pour un ancien Président de la République, comme pour tout autre justiciable, qui est de ne pas commenter une décision de justice. Ce qu’a rappelé Gérald Darmanin dans ses propos » souligne Gabriel Attal.
« Vous souhaitez ne pas répondre, et finalement, nous ne saurons pas si vous partagez ou non les propos du ministre de l’Intérieur. J’aurais tendance à penser, car je vous fais confiance sur ce point, que vous manifestez ainsi votre réprobation », réplique Marie-Pierre de la Gontrie, qui rappelle que « lorsqu’on a l’honneur de participer à un gouvernement, on doit chérir la Constitution et les principes de la République, parmi lesquels le respect de la loi et le respect de l’indépendance de l’autorité judiciaire », « il semble aujourd’hui nécessaire que vous le rappeliez à votre ministre de l’Intérieur ». Elle ajoute :
Comment ne pas avoir l’effet dévastateur de l’expression publique d’un soutien amical adressé par le patron des policiers à une personne lourdement condamnée pour des manquements à la probité ?
Pour Marie-Pierre de la Gontrie, « nul ne peut se réjouir de voir un ancien président de la République condamné pour corruption, mais tous, nous devrions nous réjouir d’avoir une justice qui s’applique à tous, puissants ou misérables ».