Dans la crise du coronavirus, l’omniprésent et ambitieux Olivier Véran
Il est devenu le visage de la lutte gouvernementale contre le coronavirus: Olivier Véran, ministre de la Santé, est autant salué comme ...
Par Paul AUBRIAT
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Il est devenu le visage de la lutte gouvernementale contre le coronavirus: Olivier Véran, ministre de la Santé, est autant salué comme "excellent et rassurant" qu'il suscite méfiance pour son goût de la communication au service d'ambitions réputées immenses.
"Quand il a été nommé, je lui ai dit: +Il faut que tu sois le François Molins du coronavirus+", s'amuse le député LREM Sacha Houlié, en référence au procureur de Paris lors des attentats de 2015, dont l'expression médiatique régulière avait été jugée aussi limpide que rassurante.
A-t-il retenu le conseil? Le ministre de la Santé est en tout cas omniprésent dans les médias, bien souvent aux côtés du directeur de la Santé Jérôme Salomon lors des points-presse quotidiens de début de soirée, dans les hôpitaux ou sur les plateaux de télévision.
Lundi soir, sur BFMTV, il a fait sensation en dessinant sur un bout de papier un graphique inspiré de celui paru dans la revue The Lancet pour expliquer la stratégie française de "retardement" de l'épidémie.
"Très bon, bien meilleur que Buzyn", qu'il a remplacé au pied levé il y a moins d'un mois; "excellent"; "pédagogue, crédible, clair, complètement sur le pont" et surtout "tellement rassurant", louent députés de la majorité et collègues ministres.
"Très engagé, volontariste", complète l'ancien directeur de l'agence nationale de santé publique, François Bourdillon.
Car au gouvernement, beaucoup demeurent ébranlés par l'épisode Lubrizol, à Rouen, lorsque l'incendie d'une usine chimique avait donné lieu à une communication officielle diluée et désincarnée, unanimement jugée erratique. De même érige-t-on en contre-exemple la gestion de crise de la canicule de 2003.
"Là, il y a eu le choix qu'Olivier Véran soit le point focal. L'objectif, c'est qu'il y ait de la cohérence, de la communication", relève une secrétaire d'État.
Jusqu'alors inconnu du grand public, Olivier Véran, qui fêtera ses 40 ans fin avril, s'était déjà fait remarquer à de nombreuses reprises à l'Assemblée nationale, où il était entré en 2012 en siégeant sur les bancs socialistes, à la faveur de la nomination au gouvernement de Geneviève Fioraso dont il était le suppléant.
"Il trépignait depuis longtemps pour entrer au gouvernement, y compris sous le précédent quinquennat", affirme un marcheur, qui le décrit comme "un spécialiste des coups de communication: de l'interdiction du recours à des mannequins trop maigres au renforcement de la taxe soda en passant par le cannabis thérapeutique récemment".
- Tensions avec les hospitaliers -
Olivier Veran et le ministre croate de la Santé Vili Beros à Bruxelles le 6 mars 2020
AFP/Archives
Le neurologue engagé à gauche s'était ensuite rendu indispensable dans la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron, à partir de 2016, "l'un des trois ou quatre qui étaient toujours aux rendez-vous privés dans l'appartement du candidat", se souvient un marcheur de la première heure.
Mais, occupé à négocier avec le PS pour récupérer le fauteuil de Mme Fioraso pour les législatives suivantes, il "s'est ensuite un peu détaché de nous et nous a lâchés en rase campagne: c'est ce qui explique d'ailleurs à mon sens qu'il ne devienne pas ministre de la Santé en 2017", critique le même.
Ce qui ne l'a pas empêché de poursuivre son parcours politique, comme député LREM de l'Isère. "Il a notamment excellé sur les trois projets de loi de financement de la Sécurité sociale", s'enthousiasme un parlementaire.
Reste que "si la politique menée est un échec, il sera mis en cause, qu'il parle peu ou beaucoup", évacue un membre du gouvernement.
Cet engouement a aussi ses limites. S'il n'a pas de passif politique personnel, Olivier Véran est comptable d'une situation de tension persistante entre les personnels hospitaliers et le gouvernement.
"M. Véran est très bon en communication: il annonce des chiffres qui font plaisir, mais ça ne résout pas la problématique des hôpitaux", estime un cadre de santé du CHU de Grenoble, Kevin Foucher, en pointant "une dichotomie entre l'urgence de la situation et la crise d'hôpital qui n'a pas été réglée et qui ne l'est toujours pas".
En première ligne sur la crise du coronavirus, certains prêtent au Dr Véran des ambitions inépuisables. "Et bon courage à Matignon pour le manager", prévient un parlementaire. "Car il est tenace..."
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.