« L’heure du choix entre les patients est arrivée dans les premiers hôpitaux », assure le sénateur socialiste Bernard Jomier. Alors que la situation sanitaire continue de se dégrader sur le territoire et qu’Emmanuel Macron doit prendre la parole, ce mercredi, pour dévoiler de nouvelles mesures restrictives, le sénateur lance l’alerte, interpellant le premier ministre à l’occasion de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement. « Le tri va s’accélérer », prévient-il. « Et, pour la première fois, ce n’est pas la conséquence d’un événement imprévu, mais du choix d’un homme, qui dans une volonté de concentration à l’excès de ses prérogatives constitutionnelles a fait ce choix. Votre gouvernement a pris cette décision, en laissant circuler le virus depuis deux mois. Allez-vous présenter des regrets, des remords ou des excuses aux Français victimes de cette obstination ? », interroge Bernard Jomier.
« Vous pouvez vouloir bannir un mot du vocabulaire, mais vous ne le bannirez pas de la réalité »
« Permettez-moi de vous dire qu’il n’y a pas de tri, et que ce mot devrait être banni de notre vocabulaire », rétorque la ministre déléguée chargée de l’Autonomie Brigitte Bourguignon, chargée de la réponse à la place du premier ministre. Selon elle, si la situation sanitaire demeure « préoccupante », les réponses apportées par le gouvernement permettent « d’entrevoir le bout du tunnel ». « Nous sommes dans l’action sans relâche », insiste la ministre. « Nous sommes dans la gestion quotidienne de l’ensemble des ressources pour déployer des outils, masques, gels ou vaccins, dont nous avons besoin, et s’assurer qu’ils aillent où il faut. Nous apportons des réponses territorialisées en fonction de la situation et, quand il le faut, le président de la République s’adresse à nos concitoyens », insiste Brigitte Bourguignon, rappelant qu’un débat aura lieu au Parlement, ce jeudi, pour échanger sur la réponse « la plus adaptée face à la situation sanitaire ». Et la ministre déléguée prévient Bernard Jomier : « Les Français attendent mieux que de vaines polémiques. Hissons-nous à la hauteur de l’enjeu. »
« Vous pouvez vouloir bannir un mot du vocabulaire, mais vous ne le bannirez pas de la réalité », répond Bernard Jomier, rattrapant la balle au vol. « Ce qui m’inquiète, c’est ce déni persistant de la réalité, auquel vous ajoutez une gestion de la crise par un homme seul qui ne consultera pas le Parlement, mais viendra comme dans une chambre d’enregistrement, et c’est scandaleux », conclut le sénateur sous les applaudissements de l’hémicycle.