Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Crise en Ukraine : « Tout ce qui concourt au dialogue est une bonne chose », affirme Christian Cambon
Par Louis Dubar
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La situation aux frontières de l’Ukraine inquiète l’Occident. L’armée Russe a massé et mobilisé depuis décembre 2021 plus de cent mille soldats en Crimée, dans le Donbass et en Biélorussie. D’après les services de renseignement américains, cette concentration de troupes et de matériels permettrait à la Russie de lancer une « possible » invasion à grande échelle. « Nous ne connaissons pas les intentions du Président Poutine, mais il est clair que la mobilisation des forces militaires russes est très inquiétante », expliquait Mircea Geoană, secrétaire général délégué de l’OTAN dans l’émission « Ici l’Europe ». Moscou dément toute attitude belliqueuse. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov conditionnait la désescalade par la fin de l’extension de l’OTAN en Europe et la garantie que l’Ukraine n’entrera jamais dans l’alliance atlantique.
A Washington le 2 février, le Pentagone a confirmé le déploiement de 3 000 soldats américains en Europe de l’Est. Ce contingent s’ajoute aux 8 500 militaires placés en état d’alerte par le président Américain, Joe Biden le 24 janvier. Ces troupes de l’armée américaine pourraient être mobilisées et déployées en Europe en cas d’invasion de l’Ukraine dans le cadre de la force de réaction rapide de l’alliance atlantique, force composée de 40 000 soldats.
Dans cette atmosphère de tension, Emmanuel Macron est arrivé à Moscou pour un tête-à-tête avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Une rencontre dont l’objectif est de calmer les tensions et négocier une désescalade entre le Kremlin et les pays occidentaux. Le président français s’est dit « déterminé et lucide » quant à la possibilité de parvenir à des résultats concrets. Il est nécessaire selon lui « de réduire le champ des ambiguïtés pour voir où sont les points de désaccord et les points de convergence possibles », en renforçant la « confiance ». Au Sénat, on espère également un dénouement positif « parce qu’une guerre dans cette région du monde aurait des conséquences néfastes pour tout le monde alors que nous sortons à peine de la crise du covid-19 », commente le sénateur Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères, invité de la matinale de Public Sénat, « Bonjour chez vous ».
Trouver une porte de sortie diplomatique à la crise
Plus mesurée que certains de ses partenaires et alliés davantage favorables à un renforcement du dispositif de défense de l’OTAN en Europe orientale, la France joue la carte du dialogue et de la diplomatie. « Le président avait créé au début de son quinquennat une forme de dialogue intéressante », souligne le sénateur LR. En mai 2017, Emmanuel Macron avait reçu en grande pompe Vladimir Poutine au château de Versailles pour réchauffer des relations franco-russes dégradées. Une position partagée également par le président de la commission des affaires étrangères, « nous avons pensé ici au Sénat qu’il fallait continuer de dialoguer avec les Russes. Ils ont toujours besoin de reconnaissance, de fantasmer sur la grande puissance mondiale qu’ils ont été, explique Christian Chambon. Tout ce qui concourt au dialogue est une bonne chose. »
Depuis Moscou, Emmanuel Macron rejoindra Kiev mardi, pour rencontrer le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Une visite « astucieuse » selon le sénateur, « l’Ukraine a aussi quelques progrès à faire pour faciliter le dialogue » et permettre la désescalade. Le sénateur Christian Cambon espère que « l’agitation diplomatique » créée par le président générera des résultats. Il ne faut « pas être uniquement dans le coup médiatique, de nombreuses initiatives ont été par le président et toutes n’ont pas abouti ». « Il faut que ce voyage entraîne quelques effets car les bruits de bottes s’intensifient. »