Depuis le mois de janvier, les soignants âgés de plus de 50 ans sont éligibles à la vaccination, et depuis février, tous les professionnels de santé sont désormais considérés comme prioritaires. Mais comme le soulignait le Comité consultatif national d’éthique en mars : « En France, malheureusement, on constate un trop faible niveau de vaccination chez les personnels de santé et du secteur médico-social (..). Cette situation conduit à l’observation de plusieurs événements d’infections nosocomiales à l’intérieur d’établissements de santé ou accueillant des personnes fragilisées en raison de leur âge ou de leur handicap. »
Cependant, les chiffres progressent. Nos confrères du Monde rappellent les dernières données du bulletin hebdomadaire de Santé publique France publié le 15 avril : « 68 % des professionnels de santé ont désormais reçu une première dose, soit 8 % de plus que la semaine passée ». Mais il reste des réfractaires.
Les doutes sur AstraZeneca
En cause notamment, les doutes sur le vaccin AstraZeneca, avec lequel étaient vaccinés les soignants. Comme pour le reste de la population, les polémiques et débats sur ce sérum et ses effets secondaires n’ont pas été sans conséquences chez une partie du personnel de santé. Les risques de thromboses, la suspension du vaccin pendant plusieurs jours en mars, puis l’autorisation uniquement pour les plus de 55 ans… autant de facteurs qui ont suscité des réticences chez certains professionnels, notamment chez les aides-soignants, et chez les infirmiers et sages-femmes en médecine libérale.
Faut-il rendre la vaccination obligatoire ?
Alors face à ce constat, faut-il rendre la vaccination obligatoire pour les soignants ? Après avoir posé une question au gouvernement début avril, la sénatrice LR des Alpes-Maritimes Patricia Demas a déposé la semaine dernière une proposition de loi sur « l’extension de l’obligation vaccinale des professionnels de santé à la vaccination contre la covid-19 ». La sénatrice rappelle en effet que « les personnels de santé, ainsi que les étudiants des professions médicales et paramédicales, sont soumis à une obligation de vaccination qui varie en fonction des lieux dans lesquels ils exercent, ou de la nature de leur activité ». Selon le code de la santé publique cette immunité obligatoire concerne l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la grippe, ou encore contre la fièvre typhoïde.
Dans le contexte de crise sanitaire que nous traversons, Patricia Demas souhaite donc voir cette liste étendue à la covid 19. Objectif : protéger les soignants et protéger les patients d’une contamination par le soignant. Pour la sénatrice, il s’agit « d’une exigence éthique qui s’impose d’autant plus que les soignants, dont l’implication n’a pas failli depuis le début de la crise sanitaire, ont la confiance des Français, et un devoir d’exemplarité ». Le texte a été envoyé à la commission des Affaires sociales du Sénat.
Une obligation contre-productive ?
L’Académie de médecine s’est dite favorable à la vaccination obligatoire des soignants : « La pandémie de covid-19 qui représente la crise sanitaire et économique la plus grave depuis la Seconde guerre mondiale, réunit tous les critères pour l’instauration d’une vaccination obligatoire ». Mais comme le soulignent nos confrères du Monde, du côté des professionnels de santé, cette obligation aurait un effet contre-productif. D’ailleurs, selon l’Organisation internationale du travail, la vaccination ne doit pas être obligatoire.
De son côté, dans un communiqué du mois de mars, le Comité consultatif national d’éthique estime « qu’il s’agit d’un enjeu éthique et déontologique fondamental : ne pas nuire à autrui. Ce principe, à travers un choix vaccinal libre, devrait apporter à chaque soignant la sérénité nécessaire à la poursuite d’un travail essentiel et remarquable ». Pédagogie donc, plutôt que coercition.