Covid-19 : « Sur le vaccin, on n’a pas le droit de se louper » prévient Xavier Bertrand
Auditionné ce 22 septembre devant la commission d'enquête du Sénat sur l’évaluation des politiques publiques face aux pandémies, l’ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand a demandé au gouvernement d’« engager une campagne de vaccination maximum » contre la grippe saisonnière en attendant l’arrivée d’un vaccin contre le Covid-19.
« Ce qui manque, c’est la culture de la prévention et du risque. On est comme ça en France (…) On s’est souvent moqué de moi en disant : oui mais vous, c’est parce que vous étiez un assureur. J’entends dire depuis quelques jours que je suis un assureur avec un côté un peu péjoratif. C’est dommage, c’est un très beau métier. Mais un assureur doit aussi prévoir le pire ». Devant la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de l’épidémie de la crise du Covid-19, Xavier Bertrand, actuel président de la région Hauts de France, assureur de formation, mais surtout ancien ministre de la Santé entre 2005 et 2007 et entre 2010 et 2012 a donc livré son analyse de la gestion de la crise sanitaire à la lumière de son expérience ministérielle passée, au cours de laquelle, il fût confronté à la gestion de la grippe H1N1.
« Nous avons eu, Philippe Douste-Blazy avant moi, jusqu’à 7 conseillers dans le domaine de la sécurité sanitaire. Avoir à ce point réduit les effectifs des cabinets, n’a pas été une erreur, ça a été une faute » a-t-il fustigé.
« Le président de la République me dit : tu fais au mieux »
En ce qui concerne la crise actuelle, premier constat : « Nous n’aurons l’occasion de parler de ce virus au passé que quand nous aurons le vaccin Covid » a-t-il estimé. Pour mémoire, en 2005 lors de la préparation de la grippe H1N1, le gouvernement Villepin auquel appartenait Xavier Bertrand s’était constitué un stock d’antiviraux presque exclusivement auprès des laboratoires Roche qui commercialisaient le vaccin appelé le Tamiflu. « On a reproché aux gouvernements successifs d’en faire trop mais pas d’en faire trop peu parce qu’il n’y avait pas de moyens (…) Je me suis moi-même rendu en Suisse pour rencontrer le PDG de Roche pour obtenir des commandes de Tamiflu » a-t-il rappelé.
« L’OMS a indiqué que la France était l’un des pays les mieux préparés (…) Mais personne ne peut dire que c’est parce qu’on était bien préparé que ce serait bien passé » a-t-il reconnu.
Lors de son passage rue de Ségur, Xavier Bertrand reconnaît avoir bénéficié « d’un alignement de planètes quasi exceptionnel » dans ses arbitrages avec Bercy dont il a dénoncé la vision « court-termiste ». . « Le président de la République a totalement conscience de ce qu’il faut faire et me dit : tu fais au mieux. C’est comme ça que procédait Jacques Chirac. Et derrière, le Premier ministre était convaincu que ces questions de santé étaient très importantes » a-t-il souligné.
Vaccin : « On est un grand pays, donc on doit être servi en premier »
Fort de cette expérience le président de région s’autorise à formuler un conseil ou plutôt un avertissement au gouvernement Castex : « Sur le vaccin Covid, on n’a pas le droit de se louper. Il y aura une fin de l’épidémie qu’au moment où il y aura un traitement et le traitement c’est le vaccin. Même pour ce vaccin-là je ne suis pas pour qu’il soit obligatoire mais il faut inciter, donner envie, expliquer… Avant le vaccin, on nous dit 2021, je ne sais pas à quel moment, ce n’est pas moi qui vais vous le dire… On est un grand pays, donc on doit être servi en premier. Surtout qu’on a des labos pharmaceutiques sur notre territoire » a-t-il plaidé avant de demander à ce que le gouvernement « soit déjà dans la prospective et l’anticipation » sur la « logistique » de la vaccination.
En attendant « dès maintenant », Xavier Bertrand demande au gouvernement d’« engager une campagne de vaccination maximum » contre la grippe saisonnière. « Je continue à croire à l’incitation à une pédagogie non-infantilisante pour montrer quel est l’intérêt (…) qu’il ne devrait pas y avoir de confusion entre la grippe saisonnière et la Covid (…) Il faut se faire vacciner pour éviter cette confusion a-t-il demandé.
Pénurie de masques : « On a essayé de me faire porter le chapeau »
Xavier Bertrand est également revenu sur la polémique qui a entouré la pénurie de masques au début de l’épidémie. « On a essayé de me faire porter le chapeau. Je ne suis dupe de rien. La commission d’enquête à l’Assemblée nationale m’a permis de rétablir la vérité ». C’est le SGDN (Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale) qui a pris cette décision de changement de doctrine en 2013. Ce n’est pas un ministre qui prend cette décision. Il n’y a aucun ministre à qui vous pouvez faire endosser cette responsabilité de dire : il faut faire des économies, les gens seront moins protégés ». « On a fait une confusion terrible entre les millions de masques FFP2 et les masques chirurgicaux » a-t-il souligné. La semaine dernière devant la commission d’enquête, Benoît Vallet, ancien directeur général de la Santé expliquait aux sénateurs : « En ce qui concerne les stocks de masques FFP2, « ils sont passés de 380 millions de masques (en 2013) à zéro au 31 décembre 2017. Ces masques FFP2 étaient considérés comme se dégradant très rapidement et surtout suite au retour d’expérience tiré de l’événement H1N1 (…) les professionnels de santé en étaient mécontents pour des raisons de confort et en faisaient du mésusage ».
Enfin, Xavier Bertrand s’est également montré critique vis à vis du Haut Conseil de défense dans la prise de décision en période de pandémie. (voir notre article)
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