Marseille sera-t-elle reconfinée ? La question se pose après la publication par la préfecture de région des derniers chiffres de l’évolution de l’épidémie de Covid-19 sur le territoire. Le taux d’incidence est désormais de 180 pour 100 000 à Marseille et de 131 sur 100 000 pour le département contre 35 pour 100 000 au niveau national.
La situation est jugée préoccupante. Conséquence, la préfecture durcit les mesures. Depuis hier soir, le port du masque est obligatoire dans toute la ville de Marseille. Et sur l’ensemble du département, les bars, restaurants et supérettes devront désormais fermer de 23 heures à 6 heures du matin. Des mesures applicables jusqu’au 30 septembre inclus et renouvelables si la progression du virus augmente.
Dépasser les querelles politiques pour coordonner les actions
« Deux élues que beaucoup de choses opposent idéologiquement mais qui décident de travailler ensemble pour affronter cette crise » : voilà comment Michèle Rubirola, la maire Europe Écologie les Verts et Martine Vassal, la présidente d’Aix-Marseille Provence Métropole et du département des Bouches-du-Rhône, ont tenu à se présenter ce jeudi à l’occasion d’une conférence de presse commune. Tour à tour, ces dernières ont présenté les dispositifs qui allaient être développés sur le territoire en plus des mesures imposées par la préfecture.
Parmi elles, la mise en place d’une campagne commune de sensibilisation aux gestes barrières, la distribution par les mairies de secteur de 500 000 masques réutilisables et l’organisation de dépistages gratuits pendant quatre heures dans deux secteurs de la ville par jour. Un comité Action Covid-19 sera mis sur pied pour coordonner les opérations. « Il faut qu’on continue le couple Ville-Commune-Métropole qui est indissociable », a précisé Martine Vassal.
Masques gratuits pour les collèges
Quant à la fermeture des bars et des restaurants après 23 heures, la mesure a pris de court tout le secteur de la restauration. Beaucoup s’inquiètent désormais d’une nouvelle perte de chiffre d’affaires. Pour les soutenir, la métropole a décidé d’exonérer les professionnels de taxe d’emplacement jusqu’à la fin de l’année.
Le département a pour sa part décidé de fournir gratuitement des masques à tous les collégiens pour la rentrée scolaire ainsi qu’à chaque bénéficiaire du RSA. Les Bouches-du-Rhône, comme d'autres dépatements et régions, se démarquent ainsi de la ligne gouvernementale. Jean Castex, le Premier ministre, ayant affirmé ce mercredi sur France Inter, que l’État ne financerait pas l’achat des masques.
« Le gouvernement impose des décisions sans concertation »
Les deux élues se sont montrées très critiques l’implication de l’État, déplorant le manque de concertation avec le gouvernement. « Nous travaillons mains dans la main avec le préfet et je regrette que le gouvernement ne soit pas capable d’agir de la même façon. Il décide depuis Paris de ce qui est bon pour notre territoire, » a indiqué Michelle Rubirola.
Cette problématique, les deux élues ont prévu de l’évoquer ce soir avec Olivier Véran, le ministre de la Santé, en déplacement à Marseille. Un ministre auquel elles demanderont également l’envoi d’effectifs de police supplémentaires.
« On est dans une forme d’hystérie collective »
Pour Michel Amiel, ancien sénateur des Bouches-du-Rhône, « on n’en fait trop ». Si ce dernier ne remet pas en cause l’action et les mesures prises par l’État, il ne supporte plus le climat ambiant. « J’ai l’impression que les décisions sont aujourd’hui dictées par une peur irrationnelle qui s’est emparée de l’opinion publique. »
Médecin de profession, ce dernier rappelle que si les cas augmentent quantitativement, leur gravité, elle, diminue et les services de réanimation des hôpitaux ne sont pas submergés de cas graves comme au printemps dernier. « À ce rythme-là, on risque de mourir davantage de dépression, du fait d’une rupture du lien social ou des suites de la crise économique, plutôt que du Covid », ironise-t-il. Pour lui, la situation se réglera avec un État fort, des collectivités locales réactives et raisonnables. « On sait qu’une épidémie se termine un jour. Il faut donc garder raison. »
Le département des Bouches-du-Rhône fait partie des 21 autres qui ont été placés en zone rouge par Santé publique France depuis le 26 août. C'est le cas aussi de Paris, où le port du masque est rendu obligatoire dans toute la capitale à partir de demain vendredi 28 août, à 8 heures.