Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Coronavirus, second tour : Gérard Larcher réunit les présidents de groupe du Sénat pour faire le point
Par François Vignal, avec Guillaume Jacquot
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Alors qu’Emmanuel Macron s’adresse aux Français ce lundi soir à 20 heures, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, réunit les présidents des groupes politiques de la Haute assemblée aujourd’hui à 16h30, a appris publicsenat.fr de plusieurs sources parlementaires.
« Ce sera un point sur la situation, l’avis du Sénat, éventuellement la question de l’examen par le Sénat d’une loi de report des élections municipales » affirme Patrick Kanner, président du groupe PS.
Son homologue du groupe CRCE (communiste), Eliane Assasi, « pense que Gérard Larcher veut recueillir l’avis des présidents de groupes sur la situation sanitaire, le devenir du deuxième tour des élections municipales et l’ordre du jour sénatorial ».
Hervé Marseille, président du groupe Union centriste, estime lui « que ça va être sur l'organisation des conditions de vie matérielle et politique au Sénat » Et aussi anticiper sur l'allocution du chef de l'Etat ? « On parle de confinement, de report des élections municipales... Si le président passe à la télévision, ce n'est pas pour demander comment ça va » souligne le centriste. « Il me semble que si des mesures de confinement sont annoncées, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas de mesures de report du scrutin » ajoute Hervé Marseille.
Cette réunion se fera physiquement au Sénat. Tous les présidents de groupe devraient être là, à l’exception d’un, qui serait confiné, selon une source parlementaire.
« Il y a une crise démocratique, on aurait pu l’éviter si la décision de report avait été prise »
S’il veut rester dans un esprit d’unité face à la crise sanitaire, Patrick Kanner ne cache pas ses critiques à l’égard du pouvoir, au lendemain d’un premier tour des municipales surréaliste. « Il y a une crise démocratique, on aurait pu l’éviter si la décision de report avait été prise dès jeudi dernier. La succession de décision de restriction aurait pu être annoncée dans une seule prise de parole dès jeudi soir par le Président. On peut s’interroger légitimement sur la pertinence d’avoir convoqué les élections » affirme le sénateur PS du Nord.
« C’était un peu contradictoire ce week-end » note aussi Hervé Marseille, « cela crée un climat anxiogène la veille au soir. Ça aurait été mieux si on avait été prévenu à l’avance ».
Le Sénat réunit pour examiner une loi de report ?
Reste une question. Si le Sénat examine dans les prochains jours un projet de loi de report, cela ne pose-t-il pas un risque sur le plan sanitaire ? « On a un scrutin public au Sénat » rappelle Patrick Kanner. Concrètement, il permet à un seul sénateur de voter pour l’ensemble de ses collègues du groupe par délégations de vote. « Le Sénat peut se réunir avec les seuls présidents de groupe. On opte pour le scrutin public et ça passe » confirme-t-on du côté du groupe LR.
Quant au reste du calendrier prévu, on imagine mal comment le Sénat pourra siéger et examiner les retraites en avril dans ces conditions. « A mon avis, il ne va rien se passer. 348 sénateurs réunis, c’est bien compliqué » dit-on.
« On vit une période exceptionnelle. Il faudra ensuite reconstruire le pays. C’est comme une guerre »
Mais pour le moment, « l’urgence, c’est la santé des Français », souligne Patrick Kanner, qui ajoute : « On vit une période exceptionnelle. Il faudra ensuite reconstruire le pays. C’est comme une guerre. Ce ne sont pas les destructions de 39-45. Ce sera la priorité, et non les sujets qui divisent la Nation, comme la réforme des retraites ».
Quant aux municipales, « si elles sont reportées, après l’été, par définition les sénatoriales de septembre seront reportées. Si c’est en juin, on peut encore imaginer les tenir » dit le président de groupe socialiste. Mais pour l’heure, tout le monde s’accorde pour estimer cette question comme bien secondaire au regard des enjeux sanitaires.