Coronavirus : les responsables politiques continuent de faire bloc derrière l’exécutif

Coronavirus : les responsables politiques continuent de faire bloc derrière l’exécutif

Réunis une deuxième fois devant le gouvernement, les chefs de parti ou de groupes parlementaires ont fait part de leurs interrogations et de leurs propositions dans la lutte contre la propagation du Covid-19. Le ton de la plupart des oppositions reste mesuré, par esprit de responsabilité.
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

À quelques heures de l’allocution présidentielle aux Français et d’un nouveau Conseil de défense, le Premier ministre et le ministre et de la Santé ont une nouvelle fois invité les chefs de parti, les présidents des assemblées et les présidents de groupe parlementaire pour une réunion d’échange sur la gestion de l’épidémie de Covid-19 en France. La dernière entrevue de ce type remontait au 27 février, veille du déclenchement de la phase 2 de la stratégie nationale.

À leur sortie peu avant midi, la plupart des responsables politiques affichaient un relatif état d'esprit d’union derrière le gouvernement. À part à l’extrême droite, les critiques s’énoncent de manière retenue. « La réunion s’est passée dans un bon état d’esprit », a résumé le chef de file de la droite sénatoriale, Bruno Retailleau. Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste ne veut « chercher à aucun moment la polémique. « Dans des circonstances pareilles, il faut qu’il y ait une structure de commandement, une forme d’unité autour de cette parole. On suit, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de doutes. »

« Il y a un pari de confiance qu’il faut faire »

Pour Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise, « Il y a un pari de confiance qu’il faut faire. Tâchons de faire passer la polémique politicienne après la sauvegarde commune ». « Il est très facile d’exploiter de manière politicienne et honteuse la peur. J’appelle à la confiance et à la cohésion », déclare, l’air grave, le sénateur PS Jean-Pierre Sueur.

Pour autant, certains partis ont jugé les réponses de la part du gouvernement insuffisantes sur le volet sanitaire. « Il n’y a aucun élément précis sur la disponibilité des masques. On ne peut rien dire aux médecins qui nous interrogent », s’est agacée Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national. « Rassurer oui, mais minimiser non ! » Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan considère que la réunion a été « beaucoup moins productive » que la précédente. Christian Jacob, le président des Républicains estime qu’un « certain nombre de questions sont restées en suspens », comme les capacités dans les services de réanimation. « J’attends plus de précisions dans ce domaine », a résumé le député. Même sentiment sur ce point du secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel. « On a posé beaucoup de questions, on a eu moins de réponses. »

Certains, comme Julien Bayou, à la tête d’Europe Écologie-Les Verts, se demandent si la réponse à la détresse du personnel soignant n’est pas réservée au président de la République dans la soirée. « Il est fondamental que la réponse du pays soit à la hauteur vis-à-vis de nos hôpitaux »

Droite et gauche demandent un collectif budgétaire pour pouvoir intégrer de nouvelles dépenses

En deux semaines, les attentions se sont aussi portées sur la déflagration économique que générera l’épidémie au niveau mondiale, alors que les frontières se ferment et que l’activité des entreprises se grippe. Le ministre Bruno Le Maire appelle le pays à se préparer à un choc « massif, mondial et violent ». La droite tire la sonnette d’alarme : jusqu’à aujourd’hui, les annonces lui apparaissent insuffisantes. « Il y a obligation d’avoir un bouclier anti-crise beaucoup plus défensif », réclame Bruno Retailleau. Le sénateur demande des dégrèvements d’imposition pour les PME, un plan de relance budgétaire et un assouplissement des marchés publics, et un soutien massif pour les salariés victimes du chômage partiel.

« L’impression que donne la France, c’est d’être à la remorque », tacle Retailleau

Coronavirus : « L’impression que donne la France, c’est d’être à la remorque », tacle Retailleau
01:59

Comme d’autres, il demande que 100 % du salaire net leur soit assuré et que ce type de chômage puisse intervenir au-delà de 1,5 Smic. Le ministre de l’Économie s’est dit ouvert au déplafonnement. Droite comme gauche appellent à une loi de finances rectificative très rapidement. « Il faut donner les moyens aux médecins », a insisté Olivier Faure. Beaucoup demandent à pouvoir s’affranchir du Pacte de stabilité et de la limite des 3% de déficit public. « Le président de la République devrait déjà s’être rendu à Berlin, comme Nicolas Sarkozy il y a 10 ans. L’impression que donne la France, c’est d’être à la remorque », a reproché Bruno Retailleau.

Les socialistes, les communistes et la France insoumise demandent un report du dernier volet de la réforme de l’assurance chômage, qui va pénaliser durement selon eux les professions les plus touchées par la crise : métiers du spectacle, de l’évènementiel, de l’hôtellerie-restauration. Sur ce point, tous considèrent que les réponses ont été évasives. « Il y a un état d’urgence sociale qu’il faut décréter immédiatement », a demandé Olivier Faure, appelant à se pencher aussi sur la question de la fin de la trêve hivernale.

Coronavirus : « Il y a un état d’urgence sociale qu’il faut décréter », demande Olivier Faure
03:20

« Les municipales seront maintenues », selon Gilles Le Gendre

Quant au report des municipales, si cette question animait encore les discussions autour de la table il y a encore deux semaines, celle-ci semble désormais plus être un sujet, à trois jours du premier tour. « Les municipales seront maintenues. Aucune raison de différer les opérations municipales », a considéré Gilles Le Gendre, le président du groupe La République en marche, à l’Assemblée nationale.

« On prend peu de risques à aller voter en vérité », a appuyé l’écologiste Julien Bayou. « Les communes sont en situation de prendre les mesures de précaution pour que les élections se déroulent correctement », a assuré Christian Jacob, après les décisions prises par le ministère de l’Intérieur.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Coronavirus : les responsables politiques continuent de faire bloc derrière l’exécutif
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Coronavirus : les responsables politiques continuent de faire bloc derrière l’exécutif
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le