Coronavirus: les oppositions interpellent le gouvernement, Philippe défend “une information transparente”
"Le risque d'épidémie impose une coordination parfaite et une information transparente: c'est ce que nous faisons", a défendu mardi Édouard...
Par Paul AUBRIAT
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"Le risque d'épidémie impose une coordination parfaite et une information transparente: c'est ce que nous faisons", a défendu mardi Édouard Philippe, interpellé par les oppositions sur le coronavirus, dont une épidémie est jugée "à nos portes" par le ministre de la Santé.
Le Premier ministre, qui s'est exprimé lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, a dit se tenir "à disposition pour organiser, avec l'ensemble des présidents de partis politiques et des groupes parlementaires, une réunion pour dire très exactement où nous en sommes, en ayant conscience que la situation exigera des mesures au fur et à mesure que nous en saurons plus".
Il répondait à une demande formulée en ce sens par le premier secrétaire du Parti socialiste, le député Olivier Faure.
Il a par ailleurs indiqué avoir écrit à "l'ensemble des maires de France, aux présidents des conseils départementaux et des conseils régionaux" pour leur préciser les mesures prises et l'état des connaissances quant au coronavirus.
D'autres responsables politiques de l'opposition se sont inquiétés mardi d'un possible manque de préparation de la France à une arrivée de l'épidémie due au coronavirus dans le pays.
Marine Le Pen a notamment de nouveau réclamé mardi des contrôles aux frontières. "Les Français ne sont pas des enfants, il faut leur dire la vérité. Ne pas leur dire la vérité c’est en réalité aggraver le sentiment de danger de la population", a accusé la présidente du Rassemblement national lors d'une visite au salon de l'agriculture.
Le ministre de la Santé Olivier Véran, interrogé sur BFMTV sur ces déclarations de la dirigeante du RN, a répliqué en estimant que "les polémiques sont vaines, j'ai même tendance à penser qu'elles ne sont pas dignes à l'heure où les professionnels de santé (...) sont extrêmement mobilisés pour éviter la contamination et éviter que des gens tombent malades".
Marine Le Pen, au Salon de l'agriculture à Paris le 25 février 2020
AFP
"Ce qui nous intéresse, c'est la sécurité des Français, ce ne sont pas les ragots de Mme Le Pen", a-t-il ajouté. Le ministre, qui avait déjà expliqué plus tôt que la France "ne ferme pas les frontières car ça n'aurait pas de sens", a souligné à l'issue d'une réunion avec ses homologues européens à Rome que cette position était partagée officiellement par les autres pays frontaliers de l'Italie.
M. Véran avait auparavant assuré que l'épidémie de coronavirus était "à nos portes". En début de soirée, le numéro deux du ministère de la Santé, le Pr Jérôme Salomon, a indiqué que deux nouveaux cas de contamination ont été confirmés en France, en précisant que l'état de santé de ces personnes n'inspirait aucune inquiétude.
- "Être réactif" -
Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a mis en cause pour sa part "un retard à l'allumage de la part des autorités sanitaires" après le développement de l'épidémie en Italie.
"Nos connaissances évoluent forcément au fur et à mesure des jours qui passent, et nous devons évidemment, pour faire face à ce problème, être réactifs et prendre au fur et à mesure, les décisions qui s'imposent", lui a indirectement répondu Édouard Philippe.
Le Premier ministre a en outre indiqué qu'il n'était pas "utile" d'annuler le carnaval de Nice, tel que certains l'avaient suggéré, alors que le carnaval de Venise a été interrompu.
A Paris, une autre polémique a également éclaté: "Nous n'avons pas eu communication d'un plan global sur le risque pandémique", a regretté le premier adjoint de la maire PS d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, selon qui "il est temps que l'État prenne la main".
Anne Hidalgo s'est par ailleurs offusquée des déclarations d'Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé devenue candidate LREM à Paris, qui avait affirmé lundi que son ancien ministère n'avait "pas eu de contact avec la mairie de Paris" pour anticiper une éventuelle épidémie.
"Je trouve ces propos tellement irresponsables de la part de l'ancienne ministre de la Santé que les bras m’en tombent presque", a réagi Anne Hidalgo mardi sur Europe 1, en brandissant un courrier adressé au ministère et la réponse rédigée par Agnès Buzyn.
Dans ce courrier daté du 12 février, Mme Buzyn se félicitait alors que la "proposition du principe de précaution" formulée par la maire de Paris soit "en adéquation" avec les recommandations ministérielles.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.