Jeudi dernier, Édouard Philippe avait reçu à Matignon tous les responsables politiques du pays pour faire le point sur la politique gouvernementale dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus. À cette occasion, le président du Sénat, Gérard Larcher avait « demandé, « au nom du Sénat (…) comme Bruno Retailleau (président du groupe LR du Sénat), qu’il y ait prochainement un débat au Parlement et en l’occurrence au Sénat » avait rapporté à publicsenat.fr, Hervé Marseille, le président du groupe centriste de la Haute assemblée.
Une demande acceptée par le gouvernement qui a demandé l’inscription d’un débat sur les mesures face aux risques d'une épidémie de coronavirus en France, mercredi, à partir de 21h30 (à suivre sur Public Sénat). Après une prise de parole de l’exécutif et du président de la commission des affaires sociales du Sénat, les représentants de chaque groupe politique s’exprimeront sur les mesures de santé publique face aux risques d’une épidémie de coronavirus. La séance se clôturera par une séquence de 15 questions réponses entre l’exécutif et les parlementaires
Alors que le cap des 100 cas de contamination a été franchi en France, et que 61% des Français se disent inquiets « pour eux et leur famille » selon un sondage Ifop pour illicomed.com cet exercice de transparence est plébiscité de part et autre de l’hémicycle. D’autant que l’épidémie se propage ces derniers jours. Dans l’Oise, la Haute-Savoie, le Morbihan ou encore la Seine-Saint-Denis, de nouveaux cas de contaminations se déclarent au fil des heures.
« Je ne rentrerai pas dans la polémique »
À 48 heures du débat au Sénat, le président LR de la commission des affaires sociales, Alain Milon, qui prendra la parole après le ministre des Solidarité et de la Santé, ne « sait pas encore » quelle sera la teneur de son intervention. « La solution est beaucoup trop évolutive. Je vais essayer de donner des axes pour les discours de mes collègues qui suivront. Mais je ne rentrerai pas dans la polémique. Nous avons besoin d’unité derrière le gouvernement ».
Maintien des élections ? « On ne sera pas quelle sera la situation dans quinze jours »
Sénateur de Haute-Savoie ou plus d’une vingtaine de cas ont été recensés, le sénateur centriste Loïc Hervé se dit « impressionné par le déploiement de forces et de compétences mises en place par les services de l’État ». « Je ne tirerai pas sur l’ambulance. Je sais que l’hôpital public est en crise mais nous avons des moyens sanitaires exceptionnels par rapport à d’autres pays ». Loïc Hervé reproche simplement au gouvernement un manque de prudence dans ses déclarations comme sur le maintien des élections municipales. « On ne sera pas quelle sera la situation dans quinze jours ».
« Quels moyens compte-il donner à l’hôpital public ? »
« Nous sommes attachés au fait de ne pas instrumentaliser le coronavirus. Mais une fois que le gouvernement a applaudi des deux mains les personnels soignants, quels moyens compte-il donner à l’hôpital public ? Parmi les mesures annoncées, je ne vois rien sur ce sujet » s’interroge la vice-présidente communiste de la commission des affaires sociales du Sénat, Laurence Cohen qui était présente à Matignon jeudi dernier.
Des auditions la semaine dernières au Sénat
La semaine dernière, auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon a admis qu’il faudrait « réserver l’hôpital aux cas graves ». En cas de situation grave, il a indiqué que les hôpitaux avaient la possibilité d’activité le plan blanc afin de repousser les actes chirurgicaux programmés et mobiliser rapidement l’ensemble du personnel avant de reconnaître : « Évidemment qu’il va falloir renforcer un hôpital en crise et qui est en train de gérer une épidémie. »
« La stratégie de lutte contre l’épidémie (…) repose sur la détection précoce et la prise en charge rapide de tous les patients atteints par la maladie et de leurs contacts » a expliqué le Premier ministre vendredi, dans un courrier adressé aux maires où il précise avoir « identifié dès le début de la crise 38 premiers établissements sur l’ensemble du territoire » ainsi que « 70 établissements supplémentaires », « soit désormais un par département ».
« Le préfet de l’Oise fait face »
Pour le sénateur LR de l’Oise, Jérôme Bascher, l’agence régionale de santé des Hauts-de-France a « sous-estimé les risques pris par les professionnels de santé ». « C’est un vrai problème dans un département qui est déjà sous-médicalisé ». Le préfet de l’Oise et le directeur général de l’Agence Régional de Santé des Hauts-de-France ont été placés en quarantaine pour avoir été en contact avec le maire de Crépy-en-Valois, Bruno Fortier, détecté positif au coronavirus. « Je l’ai eu au téléphone. Il fait face. Il organise la cellule de crise depuis chez lui à la préfecture » confie Jérôme Bascher avant de déplorer des failles dans « la chaîne de protection des personnes soignantes et organisatrices ».
Oise : « Les habitants ne sont pas tombés dans la psychose »
Sur Public Sénat, ce matin son collègue centriste le sénateur de l’Oise, Olivier Paccaud assure que « les habitants du département ne sont pas tombés dans la psychose » malgré l’arrêté interdisant les rassemblements collectifs. « Les écoles fermées ne concernent que 9 communes, celles où il y a le plus de cas et où on est en train de rechercher le patient zéro. 9 communes, l'Oise en compte 676. Ça veut dire que la rentrée scolaire va se dérouler dans les conditions les plus normales » a-t-il rassuré en refusant de se prononcer sur le bien-fondé des mesures prises par les services de l’État. « Est-ce que les mesures sont bonnes ? Je n’en sais rien. Je ne suis pas infectiologue ».
Pour le moment, le risque épidémique du coronavirus en France reste en stade 2 (freiner la propagation de l’épidémie). En visite dans un CHU de Bordeaux, Édouard Philippe a indiqué que l'objectif du gouvernement était de « ralentir pour empêcher, ou au moins retarder, la libre circulation du virus sur le territoire qui marquerait l'arrivée dans la phase 3, c'est-à-dire l'épidémie proprement dite de coronavirus en France ». En sera-t-il de même mercredi soir ?