Coronavirus : le gouvernement écarte « dans l’immédiat » la privatisation d’ADP

Coronavirus : le gouvernement écarte « dans l’immédiat » la privatisation d’ADP

La question de la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) « ne saurait se poser dans l'immédiat compte tenu des conditions de marché » a annoncé Sibeth Ndiaye à la sortie du Conseil des ministres. Quand le coronavirus vient en aide aux opposants à la privatisation d’ADP
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Voilà bien une conséquence peu prévisible de l’épidémie de coronavirus. À la veille de la fin des recueils des signatures en faveur du référendum d’initiative (RIP) partagée sur la privatisation Aéroports de Paris (ADP), le gouvernement, par la voix de sa porte-parole, Sibeth Ndiaye annonce que « les conditions de marché ne sont pas favorables à une quelconque opération de privatisation ». « Compte tenu des conditions de marché, de toute façon, nous serions un bien mauvais gestionnaire si nous faisions le choix immédiat de céder les actifs et nos participations dans ADP » a-t-elle ajouté.

Pour mémoire, quelque 250 députés et sénateurs (de LFI à LR) avaient lancé début avril 2019 la procédure du RIP pour une durée de 9 mois. Introduite dans la constitution en 2008, ce dispositif n’avait encore jamais mis en œuvre. La proposition de loi référendaire doit être approuvée par un dixième des électeurs inscrits, soit 4.717.396 personnes pour être validée. La semaine dernière, le Conseil constitutionnel a enregistré à la date de mercredi 1.116.000 soutiens.

Ces derniers mois, l’opposition n’avait eu de cesse d’accuser le gouvernement de n’avoir rien fait pour informer les Français de la procédure (voir notre article).

Sur Twitter, la présidente du groupe CRCE (Communiste Républicain Citoyen et Ecologiste) du Sénat, Éliane Assassi, note « des conditions du marché plus fortes que plus d’un million de Français et Françaises qui ont soutenu la demande d’organisation d’un référendum sur la privatisation d’ADP » « Lamentable ».

Pour le président du groupe socialiste du Sénat, Patrick Kanner, ce choix du gouvernement « est bien l’aveu que seules des considérations financières justifiaient ce projet ».

 

Si le gouvernement ne parle que de suspendre le processus, pour certains, c’est pourtant gagné. « Je félicite le premier ministre, que j’ai assez critiqué sur le sujet, car je trouve que c’est habile. Car en réalité, c’est un renoncement. Il recule » réagit au micro de Public Sénat le sénateur (rattaché LR) de Paris, Philippe Dominati (voir la vidéo). « Je pense que c’est une suspension avant un renoncement. Je suis convaincu que c’est un recul en bon ordre » ajoute le sénateur. Il rappelle que « souvent, la suspension est la première étape à un renoncement. Mais si ce n’était pas le cas, ce serait particulièrement grave ». Le sénateur pense que « le gouvernement a vu qu’un million de personnes, c’était déjà important », au point de renoncer.

« Le Sénat peut être fier, car c’est lors de l’examen du texte ici que la majorité sénatoriale a repoussé ce projet ». rappelle Philippe Dominati, « cela a enclenché le regroupement de suffisamment de parlementaires pour déclencher un RIP. Et finalement, le gouvernement en a tiré les conséquences ».

La sénatrice écologiste, Esther Benbassa note « une victoire » de la part des opposants à la privatisation et invite à « savourer la victoire ».

De son côté, le sénateur PS du Val-D’oise, Rachid Temal « se félicite que le gouvernement prenne enfin la parole sur le sujet d’ADP ». « Je prends acte de cette décision. Mais le combat doit continuer ».

Sollicitée par l'AFP, la direction du groupe Aéroports de Paris n'a pas souhaité faire de commentaire sur l’annonce du gouvernement.

Avec la crise du coronavirus, le transport aérien est frappé de plein fouet, compagnies aériennes et aéroports subissent à la fois les mesures de confinement, la prudence des vacanciers et les annulations de déplacements professionnels.

Dans le même temps, la panique a gagné les marchés boursiers, avec une chute de plus de 12% sur la dernière semaine de février et un « lundi noir » cette semaine, le CAC 40 ayant décroché de plus de 8%, du jamais vu depuis la crise financière de 2008.

 

 

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Coronavirus : le gouvernement écarte « dans l’immédiat » la privatisation d’ADP
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Coronavirus : le gouvernement écarte « dans l’immédiat » la privatisation d’ADP
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le