Coronavirus: l’exécutif se prépare à une crise sanitaire longue
Face aux incertitudes, dont la quantité de tests disponibles, l'exécutif se refuse pour l'heure à évoquer le bout du tunnel de la crise...
Par Jérémy MAROT
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Face aux incertitudes, dont la quantité de tests disponibles, l'exécutif se refuse pour l'heure à évoquer le bout du tunnel de la crise sanitaire mais se prépare à absorber le choc durant de longues semaines, voire des mois, en attendant un vaccin.
Le sommet de l'Etat le psalmodie, sans que l'on sache vraiment s'il ne s'agit que de l'épidémie ou des importantes turbulences économiques et sociales qui s'ensuivront: "c'est un combat long, difficile, qui impliquera de mauvaises nouvelles, des déceptions", a relevé mercredi Edouard Philippe.
Dans une France confinée officiellement jusqu'au 15 avril mais qui s'attend dans une immense majorité à devoir jouer les prolongations à domicile, la question de la fin de ces mesures exceptionnelles est loin d'être tranchée, tant les inconnues sont nombreuses.
Interrogé mercredi à l'Assemblée, M. Philippe a qualifié la question de "redoutablement complexe", rappelant qu'il n'y avait "pas de précédent" ni de "méthode éprouvée". "Il y a des éléments dont nous ne disposons pas entièrement aujourd'hui", a-t-il observé, évoquant par exemple l'absence pour l'heure de "traitements éprouvés" .
Le Premier ministre a cependant jugé "probable" que le déconfinement ne se fasse pas "en une fois, partout et pour tout le monde", en espérant pouvoir présenter une ébauche de stratégie "dans les jours, la semaine qui viennent de façon à donner une perspective à nos concitoyens".
"Nous avons demandé à plusieurs équipes de travailler sur cette question en étudiant l'opportunité, la faisabilité d'un déconfinement qui serait régionalisé, qui serait sujet à une politique de tests, en fonction, qui sait, de classes d'âge", a poursuivi le Premier ministre, demandant cependant encore du temps pour travailler. Même si l'exécutif joue contre-la-montre, tant les répercussions économiques s'annoncent dévastatrices, la décision "prendra en compte avant tout les impératifs de santé", a-t-il encore fait valoir.
Or, plusieurs indicateurs montrent que la crise devrait s'étaler a minima jusqu'au début de l'été.
- L'urgence des tests -
Test au Covid-19 dans le cabinet du médecin Michael Bohbot à Ormesson-sur-Marne, en banlieue parisienne, le 25 mars 2020
AFP
Tout d'abord parce que c'est l'effet même recherché du confinement, qui vise à lisser le pic de l'épidémie et du nombre de malades hospitalisés et augmente donc de fait sa durée, supposément à moindre intensité.
Surtout, l'absence actuelle de dépistage massif empêche d'avoir une vision claire de la propagation du coronavirus, alors que 80% des personnes infectées ne présentent que peu ou pas de symptômes.
"On n'a aucune idée de la proportion de la population qui a été contaminée. On ne sait pas combien de gens sont positifs, sont guéris. C'est donc difficile de prévoir quoi que ce soit", déplore l'épidémiologiste Catherine Hill, en insistant sur "l'urgence à faire des tests sur un échantillon représentatif de la population".
Pour l'heure, près de 30.000 tests sont conduits chaque jour. Mais les tests sérologiques, c'est-à-dire par prélèvement sanguin, qui permettront de vérifier le niveau d'anticorps et donc l'immunité de chacun face au virus, ne seront disponibles que "dans les prochains jours, les prochaines semaines", a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran.
Quant aux "tests rapides", qui donneront des résultats en quelques minutes, leur réelle montée en puissance (100.000 par jour) n'est prévue qu'au mois de juin.
Autre signe d'anticipation d'une épidémie au long cours, l'importation de plus d'un milliard et demi de masques, alors que la France en consomme pour l'heure 40 millions par semaine. Même si ces besoins pourraient augmenter dans les prochaines semaines à mesure de la progression de l'épidémie, l'Etat s'est décidé à "faire beaucoup de réserves avec ces commandes", relève un ministre.
Au Royaume-Uni, les autorités sanitaires ont d'ores et déjà annoncé que les mesures mises en place pour contenir la maladie seraient réexaminées "toutes les trois semaines" durant "probablement six mois" voire plus, alors qu'un éventuel vaccin n'arriverait pas avant 2021.
Une autre inconnue plane encore: la saisonnalité du virus, qui semble bien résister à la chaleur comme l'indique son implantation en Afrique. Selon l'épidémiologiste à Harvard Marc Lipsitch, "même si l'on peut s'attendre à une régression modeste", "il n'est pas raisonnable d'en attendre une nette chute" avec les chaleurs d'été.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.