L'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn confirme avoir alerté le Premier ministre Edouard Philippe sur le risque de report des élections municipales à cause du coronavirus, et regrette l'utilisation du mot "mascarade", dans un communiqué publié mardi.
"Lorsque j'ai appris l'émergence du coronavirus en Chine, j'ai eu l'intuition qu'une épidémie pouvait se profiler et ne pas se cantonner à la Chine. C'est vrai, j’ai exprimé mon inquiétude depuis le premier jour parce que c'était mon rôle", assure l'ex-ministre, qui assure avoir alors "reçu le soutien immédiat du président de la République et du Premier ministre".
"Sans délai, nous avons organisé des réunions de travail autour du Premier ministre, avec le Directeur général de la santé, pour analyser et préparer la réponse sanitaire le cas échéant. Et des conseils de défense autour du Président", a ajouté M. Buzyn, médecin de profession.
La candidate LREM à la mairie de Paris a déclenché une polémique en affirmant avoir alerté l'exécutif dès janvier sur le risque d'une crise sanitaire, qui empêcherait par ailleurs la tenue des municipales les 15 et 22 mars.
"Il est vrai que je me suis adressée au Premier ministre en lui disant : +si la France en arrive à être touchée par un pic épidémique alors il se pourrait que les municipales ne puissent pas se tenir+", confirme Mme Buzyn.
Mme Buzyn, "totalement solidaire" avec le gouvernement, assure que "toutes les mesures anticipées ont été mises en œuvre pour assurer la sécurité sanitaire de nos concitoyens" pour voter lors du premier tour dimanche dernier. "Ce sont les avis et les faits scientifiques qui ont - à chaque étape - fondé les décisions prises par le gouvernement", ajoute-t-elle.
Le deuxième tour des municipales a été reporté à une date à définir, probablement en juin si la situation sanitaire le permet.
Selon des sources concordantes interrogées par l'AFP, dimanche, après le premier tour, Mme Buzyn s'était emportée: "Je veux mettre fin à cette mascarade des élections, ça suffit". Une expression également relatée dans l'édition du journal Le Monde daté de mercredi.
Dans son communiqué, Agnès Buzyn "regrette l'utilisation du terme de +mascarade+, qui dans (ses) propos concernait le fait de débuter des discussions de fusions de listes électorales", alors que le stade de pandémie du coronavirus était atteint.
Arrivée troisième au soir du premier tour des élections municipales à Paris, loin derrière la maire PS sortante, Anne Hidalgo, et la LR Rachida Dati, Agnès Buzyn avait suspendu sa campagne en disant vouloir n'être "que médecin".