“Contreparties” aux aides sociales: Edouard Philippe rouvre un débat “explosif”

“Contreparties” aux aides sociales: Edouard Philippe rouvre un débat “explosif”

En déplacement vendredi dans le Finistère, Edouard Philippe s'est dit favorable à la mise en place de "contreparties" aux aides sociales en...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

En déplacement vendredi dans le Finistère, Edouard Philippe s'est dit favorable à la mise en place de "contreparties" aux aides sociales en France. Un sujet qu'il a qualifié lui-même d'"explosif".

Le Premier ministre a également déploré un "vrai scandale français" sur les difficultés de recrutement malgré un chômage élevé, lors d'une réunion avec des élus locaux et des dirigeants de PME à Plomordiern, petit bourg breton, dans le cadre du grand débat.

"Moi, ma conviction personnelle c'est que compte tenu de l'importance de nos mécanismes de solidarité, compte tenu de nos finances publiques, compte tenu de la situation d'un pays qui est en croissance mais qui reste avec un taux de chômage élevé, il faut qu'on s'interroge sur ces contreparties, il faut que l'on regarde ce qu'on peut réfléchir avec nos concitoyens comme contrepartie au versement obligatoire", a déclaré le chef du gouvernement.

Lors de cette réunion, il a été interrogé à de nombreuses reprises sur les difficultés de recrutement, des cas de refus de CDI ou sur l'incitation financière jugée trop faible à travailler.

"C'est indispensable d'avoir des mécanismes de solidarité pour ceux qui sont dans la difficulté, il ne s'agit pas de revenir en arrière, il s'agit de s'interroger sur +est-ce que cette solidarité elle peut s'accompagner de contreparties, d'activités, d'activités d'intérêt général?+", a déclaré Édouard Philippe.

"Qu'est-ce qu'on demande à ceux qui bénéficient de la solidarité, est-ce qu'on demande quelque chose, et si oui, quoi? A mon sens c'est une vraie belle question politique, c'est pas de la mécanique, c'est pas de la tuyauterie", a-t-il estimé lors de ce débat, où il était accompagné du président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM), député de la circonscription.

- "Un vrai scandale français" -

Le Premier ministre Edouard Philippe, en déplacement à Plomodiern (Finistère), participe à un débat avec des élus et dirigeants de PME, le 15 février 2019
Le Premier ministre Edouard Philippe, en déplacement à Plomodiern (Finistère), participe à un débat avec des élus et dirigeants de PME, le 15 février 2019
AFP

Pour souligner le caractère "explosif" de cette question, Édouard Philippe a rappelé l'initiative polémique du conseil départemental du Haut-Rhin, qui demandait aux allocataires du RSA de faire sept heures de bénévolat par semaine au risque de se voir privés de l'allocation.

Quant aux difficultés de recrutement malgré un taux de chômage officiel qui reste proche des 9%, Édouard Philippe a évoqué un "énorme problème" qui est "très inquiétant pour la suite".

"Je ne crois pas qu'on puisse durablement vivre dans un monde très compétitif avec 3 millions de chômeurs d'un côté et des entreprises qui n'arrivent pas à recruter", a-t-il plaidé.

Une étude publiée en 2017 par Pôle emploi évalue à entre 200.000 et 330.000 les offres dites "non pourvues" sur la base des offres de 2016. Parmi elles, 150.000 recrutements "abandonnés faute de candidat adéquat".

Les difficultés de recrutement sont un thème récurrent, aussi présent sous les quinquennats précédents: Nicolas Sarkozy parlait "d'un demi-million d'emplois non pourvus" pendant la campagne électorale de 2012, et François Hollande avait lancé un plan pour former les chômeurs.

"C'est un vrai scandale français d'une certaine façon, une spécificité dont on se passerait bien et il faut qu'on la règle", a poursuivi M. Philippe, alors que syndicats et patronat ont jusqu'à la fin février pour parvenir à un accord sur une réforme de l'assurance-chômage.

Le Premier ministre Edouard Philippe en déplacement à Plomodiern (Finistère) avec le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, député LREM de la circonscription, le 15 février 2019
Le Premier ministre Edouard Philippe en déplacement à Plomodiern (Finistère) avec le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, député LREM de la circonscription, le 15 février 2019
AFP

Le gouvernement, qui reprendra la main sur le dossier en cas d'échec des négociations, veut depuis le début du quinquennat à la fois renforcer "la compétence" de la population active, où "il y a énormément à faire" via notamment une réforme de la formation et de l'apprentissage, mais aussi "l'appétence" au "retour à l'activité", a résumé Edouard Philippe.

"On veut justement qu'il y ait un avantage objectif à retourner à l'activité", a-t-il dit. "C'est un message qu'il faut exprimer calmement, dans le détail, pour convaincre les partenaires sociaux que c'est l'intérêt de notre pays d'aller dans ce sens", selon lui.

Si le mouvement des "gilets jaunes" a fait émerger une demande claire de pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes, il a aussi donné lieu à un débat sur le niveau des bas salaires et des allocations sociales.

Dans la même thématique

“Contreparties” aux aides sociales: Edouard Philippe rouvre un débat “explosif”
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

“Contreparties” aux aides sociales: Edouard Philippe rouvre un débat “explosif”
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le