Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Conte à Paris pour dépasser les débats houleux sur la crise migratoire
Par Public Sénat
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Le président français Emmanuel Macron reçoit vendredi le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte pour tenter de clore une semaine de fortes tensions entre Paris et Rome provoquées par la crise migratoire qui frappe l'Europe en général, l'Italie en particulier, et menace le gouvernement d'Angela Merkel.
Ces derniers jours ont été ponctués d'éclats de voix entre la France et l'Italie, traditionnels alliés et membres fondateurs de l'Union européenne, à cause de l'errance de l'Aquarius, navire qui a secouru plus de 600 migrants clandestins, que l'Italie et Malte ont refusé de laisser accoster et qui fait désormais route vers l'Espagne.
M. Macron avait mis le feu aux poudres mardi en critiquant durement Rome, évoquant "la part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien", une alliance entre une formation populiste, le Mouvement Cinq Etoiles, et un parti d'extrême droite, la Ligue, récemment portée au pouvoir par les électeurs.
Souffleté, le gouvernement italien avait agité la menace d'une absence de M. Conte à la rencontre de Paris, deuxième sortie internationale du tout nouveau chef de gouvernement.
Finalement, les deux hommes se sont parlé par téléphone dans la nuit de mercredi à jeudi, puis les deux exécutifs ont publié chacun de leur côté un communiqué identique confirmant la tenue de la réunion.
Il y était dit que M. Macron déclarait n'avoir "tenu aucun propos visant à offenser l'Italie et le peuple italien", manière de jouer l'apaisement sans s'excuser, permettant à chacun de sauver la face.
Le dirigeant italien arrivera au palais présidentiel de l'Elysée vers 11h30 GMT pour un déjeuner avant une conférence de presse conjointe avec M. Macron vers 12h45 GMT.
- L'UE divisée -
Malgré la volonté d'apaisement, la racine de la crise franco-italienne est profonde, du fait de la déferlante migratoire sur l'Europe.
L'ambassadeur de France à Rome a ainsi été convoqué deux fois en moins de deux mois au ministère italien des Affaires étrangères et toujours à cause de la situation migratoire. Une fois cette semaine après la sortie de M. Macron, et une fois le 30 mars après le contrôle d'un migrant par des douaniers français en territoire italien, jugé inadmissible par les autorités à Rome.
De plus en plus de pays se braquent face à l'inconséquence de la gestion européenne de cette crise, et particulièrement l'Italie, un des points d'entrée des migrants.
En Allemagne, où Angela Merkel fait face à une fronde gouvernementale sur sa politique migratoire jugée laxiste par la frange conservatrice de sa famille politique (elle a accepté plus d'un million de migrants en 2015), un sondage montre que près de 90% des Allemands veulent une accélération des expulsions de migrants en situation irrégulière.
- Merkel en suspens -
Le sort politique de Mme Merkel et sa fragile coalition gouvernementale pourraient être compromis par cette fronde. Son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer, dirigeant de la CSU, allié indispensable de la CDU de Mme Merkel, veut refouler à la frontière les demandeurs d'asile sans papiers et ceux arrivant en Allemagne, même s'ils ont été enregistrés par un autre pays dans la base de données de l'UE. La chancelière refuse cette mesure unilatérale et prône une solution coordonnée à l'échelle européenne.
Lundi, la CSU, le parti de M. Seehofer, doit décider si le ministre imposera ses vues par décret, ce qui pourrait amener à son limogeage voire à une chute du gouvernement Merkel.
Pour l'Italie, l'urgence est de faire accepter de mieux répartir la charge migratoire entre les pays européens, dans un contexte général de défiance, où certains pays refusent toute idée de quota obligatoires de migrants, d'autres voulant s'organiser pour s'attaquer frontalement au problème, et tous ou presque faisant face à une montée de l'hostilité des électeurs face aux arrivées massives et à la cacophonie européenne.
"Nous devons maintenant travailler à la réforme des règles de Dublin", a déclaré jeudi à Rome M. Conte. Ces règles imposent au pays européen ayant enregistré pour la première fois la demande d'asile d'un migrant de l'examiner jusqu'au bout, faisant peser sur les pays d'entrée du sud de l'Europe la majeure partie de la pression migratoire.
MM. Macron et Conte pourraient aussi évoquer la situation à la frontière, à Vintimille, où se massent les migrants voulant gagner la France et que les autorités françaises repoussent vers l'Italie.
La crise migratoire est tellement prégnante qu'elle va sans doute reléguer au second plan les autres sujets prévus lors de cette rencontre: les relations bilatérales prévues dans le traité du Quirinal et les projets de réformes de la zone euro qui seront abordés lors du Conseil européen des 28 et 29 juin.
Pendant ce temps, l'Aquarius poursuit sa route vers Valence après avoir frôlé dans la nuit les côtes de la Corse. Pedro Sanchez, chef du fragile gouvernement socialiste espagnol, soumis au soutien parlementaire d'une foule de partis, s'est exprimé vendredi "pour une nouvelle Europe où les égoïsmes nationaux ne prévaudront pas".