A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.
Constitution : Nicolas Sarkozy fait la leçon à Emmanuel Macron au Sénat
Par Public Sénat
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La réunion était à huis clos et les journalistes tenus à distance, deux étages au dessus, dans la grande Salle des conférences. En sous-sol du Sénat, la salle Clémenceau, où se réunit chaque mardi matin le groupe PS, a fait salle comble. Les sénateurs sont venus écouter Nicolas Sarkozy, arrivé au Sénat en compagnie de sa femme Carla Bruni-Sarkozy, parler de sa réforme constitutionnelle de 2008 (voir les images d'Aurelien Romano et de Nelson Getten)
Gérard Larcher l’a invité à s’exprimer devant le groupe de travail de la Haute assemblée sur la réforme des institutions que veut réaliser Emmanuel Macron. Un groupe de travail en format élargi, où tous les sénateurs étaient invités. Pour la majorité sénatoriale, qui s’oppose au chef de l’Etat sur le cœur de la réforme, c’est une manière de jouer la comparaison, au moment où les choses se précisent (voir notre article).
« Le référendum et la réforme constitutionnelle, cela ne peut pas marcher ! »
Certains sénateurs ne se sont pas fait prier pour relayer les propos de Nicolas Sarkozy. Si l’entourage de l’ex-Président a assuré à publicsenat.fr qu’il n’était « pas là pour distribuer les bons et mauvais points », qu’« il n’a pas l’intention de s’immiscer dans le débat actuel », venant simplement « témoigner », force est de constater que Nicolas Sarkozy s’est bien exprimé sur la réforme à venir. Lui qui a réussi à mener à son terme sa révision, grâce notamment à la voix de Jack Lang, présent également à la réunion, donne même une forme de leçon à Emmanuel Macron. Selon des propos rapportés sur Twitter par la sénatrice LR Joëlle Garriaud-Maylam, Nicolas Sarkozy reproche au chef de l’Etat de ne pas être, en substance, à la hauteur de l’enjeu : « Il ne peut y avoir de réforme constitutionnelle avec une posture politicienne. C’est une affaire d’histoire, pas de politique partisane (...) Le référendum et la réforme constitutionnelle, cela ne peut pas marcher ! » Une attaque en règle contre le chef de l’Etat, qui depuis le début menace de recourir au référendum, faute d’accord, indispensable sur ce type de réforme, entre députés et sénateurs.
Des propos confirmés par Joëlle Garriaud-Maylam, jointe après la réunion par publicsenat.fr. « Il n’a pas cité Emmanuel Macron dans son intervention » précise la sénatrice LR. Mais tout le monde aura compris… Autre propos rapporté par la sénatrice : « Que serait la démocratie sans le suffrage universel ? Un paysage sinistre composé uniquement d’experts » a aussi affirmé l’ex-chef de l’Etat, alors que les sénateurs s’opposent au non-cumul dans le temps, au nom de la liberté des électeurs de choisir.
« Nicolas Sarkozy déconseille au gouvernement de recourir aux ordonnances »
« Il a donné des conseils au Président. Il vaut mieux ne pas utiliser le référendum en matière de Constitution » confirme également Philippe Dallier, vice-président LR du Sénat. « Il a aussi dit qu’il n’avait jamais eu recours aux ordonnances et qu’il déconseillait au gouvernement de les utiliser » raconte le sénateur de Seine-Saint-Denis. Autre pierre lancée dans le jardin d’Emmanuel Macron, qui veut y recourir à nouveau pour la réforme de la SNCF. Mais s’il a critiqué l’exécutif, Nicolas Sarkozy l’a fait « tout en soulignant qu’il était retiré de la vie politique » précise Philippe Dallier. On ne sait jamais, s’il y avait un doute…
L’ancien ministre et sénateur PS, Victorin Lurel, a lui tout simplement filmé le chef de l’Etat. « Je voudrais que chacun réfléchisse sur la novation de ces réformes il y a 10 ans. Nous l’avons proposé, nous l’avons fait voter, il y a 10 ans, dans un concert de polémiques, parfois d’ailleurs d’insultes. Des réformes qui apparaissaient à certains comme autant d’atteintes aux attributs du Président de la République, garde-fou des institutions, chef des armées, garant de l’indépendance judicaire » souligne Nicolas Sarkozy dans cette vidéo.
Après son intervention, le président LR de la commission des affaires étrangères du Sénat, Christian Cambon, est manifestement enjoué : « Eblouissant », lance-t-il... De quoi remonter la majorité sénatoriale, au moment où les négociations rentrent dans le dur.
François de Rugy : « Je crois qu’il est possible d’arriver à un accord, si nous prenons le temps du dialogue »
A la sortie et devant les caméras, le président LREM de l’Assemblée nationale, François de Rugy, invité également par Gérard Larcher, s’est montré plus conciliant que l’ancien chef de l’Etat. Il était « logique d’inviter » Nicolas Sarkozy. « C’est un exercice démocratique et politique intéressant que les principaux acteurs de l’époque et d’aujourd’hui se nourrissent mutuellement de leur expérience » pour François de Rugy.
Gage de bonne volonté, le président de l’Assemblée insiste sur le rôle à venir des parlementaires, comme s’il avait entendu le message de Nicolas Sarkozy sur le référendum : « Une réforme de la Constitution, c’est le gouvernement qui propose un texte (…). Ensuite, c’est le Parlement qui travaille et qui a le dernier mot, parce que l’Assemblée et le Sénat sont sur un pied d’égalité (en matière de révision de la Constitution) et le gouvernement ne peut pas passer en force, comme sur d’autres textes de loi ». Il ajoute : « Je connais les divergences qu’il y a au départ. Je crois qu’il est possible d’arriver à un accord, si nous prenons le temps du dialogue. (…) Il y aura des amendements adoptés à l’Assemblée nationale qui modifieront le texte, puis des amendements du Sénat. Nous verrons si nous pouvons trouver ensuite un terrain d’entente. Je sais que c’est possible. Cela prend un peu de temps. (…) Une réforme de la Constitution, c’est pour longtemps. (…) Ça prend un peu de temps, c’est normal ».
Emmanuel Macron, qui voulait adopter sa réforme avant l’été, vise maintenant plutôt une première lecture avant la trêve estivale. De quoi laisser du temps à ce dialogue. « Nicolas Sarkozy a raconté aussi combien il avait dû passer des week-ends au téléphone à convaincre les parlementaires récalcitrants » raconte Joëlle Garriaud-Maylam. De quoi donner des idées, peut-être, à Emmanuel Macron.