Congrès du PS : quatre candidats pour ressusciter le parti
Les militants du Parti socialistes votent ce soir pour départager les candidats au poste de premier secrétaire, Luc Carvounas, Olivier Faure, Stéphane Le Foll et Emmanuel Maurel. Au fond du trou après la présidentielle, le PS doit réussir à se relancer et tout simplement à exister.
Le congrès du Parti socialiste se tient les 7 et 8 avril prochains. Mais c’est dès aujourd’hui que beaucoup se joue. Les militants sont appelés à départager les quatre candidats au poste de premier secrétaire, Luc Carvounas, Olivier Faure, Stéphane Le Foll et Emmanuel Maurel. Quatre hommes et pas une femme. Outre le premier secrétaire, qui sera ensuite désigné lors d’un second scrutin le 29 mars, le vote de ce soir sur les textes d’orientation définira les rapports de force au sein des instances du parti.
Pour les socialistes, l’enjeu n’est pas mince : relever un parti que beaucoup jugent mort depuis la cinglante défaite de Benoît Hamon à la présidentielle et le quinquennat Hollande. Le parti est encore vivant. Mais il est toujours en état de convalescence et doit réussir à faire entendre sa voix et définir une ligne claire.
Biographie et programme des 4 candidats à la tête du parti socialiste
AFP
Les 102.000 adhérents revendiqués par le PS sont invités à se rendre aux urnes entre 17 et 22 heures. Mais le sénateur Rachid Temal, qui a joué le rôle de premier secrétaire par intérim, attend 30.000 électeurs. Ils avaient été 71.000 au Congrès de Poitiers, en juin 2015. L’ordre d’arrivée n’est pas attendu avant minuit et les résultats officiels ne devraient être connus que vendredi matin. Pour éviter la triche – le PS a déjà bien donné en la matière dans le passé, comme lors du Congrès de Reims de 2008 – les résultats collectés par les fédérations, c'est-à-dire au niveau départemental, remonteront de manière informatique durant la soirée à Solférino. Chaque candidat aura son représentant sur place.
Luc Carvounas : le challenger passé de Valls à la gauche du parti
Le sénateur-maire d'Alfortville, Luc Carvounas, candidat PS aux législatives dans le Val-de-Marne, le 21 novembre 2016 à Alfortville.
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Le député du Val-de-Marne a été le premier à se lancer officiellement dans la bataille. Cet ancien proche de Manuel Valls est maintenant sur une ligne beaucoup plus à gauche, au sein du parti. Une évolution commencée lors de la présidentielle, où il a clairement soutenu Benoît Hamon. L'ancien sénateur a aujourd’hui le soutien des hamonistes restés au PS, tout comme celui de François Kalfon, ancien proche d’Arnaud Montebourg. Il défend une gauche « arc-en-ciel », rassemblant ses différentes composantes, comme il l’a fait dans sa ville d’Alfortville. Il ne cesse de le répéter. C’est son étendard. Mais certains ne se privent pas de lui rappeler la contradiction avec son passé de porte-flingue de Valls, ce qui l’énerve passablement. Lors du débat télévisé, il s’est montré particulièrement pugnace. Une attitude de challenger pour tenter de rattraper son retard. S’il ne crée pas la surprise, Luc Carvounas peut au moins compter sur ce congrès pour miser sur l’avenir.
Olivier Faure : un favori un peu trop poli
Le député socialiste Olivier Faure, à Jouy-en-Josas, dans les Yvelines, le 30 août 2016
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Tout le monde le répète depuis des semaines : c’est le favori. Le président du groupe Nouvelle gauche de l’Assemblée nationale bénéficie du plus grand nombre de soutiens en interne, de premiers fédéraux ou de maires. Consensuel, rassembleur, sur une ligne sociale-démocrate majoritaire dans le parti, avec en prime un look de gendre idéal… Olivier Faure a le profil pour le poste. Celui qui a été longtemps proche de Jean-Marc Ayrault s’est lancé dans la bataille après le choix de Najat Vallaud-Belkacem de ne pas y aller, au risque d’avoir l’image de plan B. Il a le soutien des amis de Martine Aubry, comme de l’ancien vallsiste Philippe Doucet. Une synthèse toute hollandaise. Normal, pour l’ancien directeur adjoint de cabinet de François Hollande, quand l’ancien Président était numéro 1 du PS. Mais gare au spectre de la synthèse molle, diront certains, qui trouvent le député de Seine-et-Marne trop lisse. Pour ne rien arranger, il est passé à côté du débat, tendu et imprimant moins que ses concurrents. La peur de gagner ? La position de favori n’est pas forcément un avantage dans une compétition et les primaires, même internes, réservent toujours leurs surprises. Le risque pour Olivier Faure : se faire coiffer au poteau. Mais s’il est qualifié ce soir, le vote du 29 mars pour choisir le premier secrétaire ne devrait pas lui poser trop de problème.
Stéphane Le Foll : une grande gueule qui traîne son image de proche de Hollande
Stéphane Le Foll à l'Assemblée nationale à Paris, le 27 juin 2017
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Grande gueule, à l’aise sur les plateaux télés, ancien ministre… Stéphane Le Foll a de belles cartes à jouer dans ce congrès. Mais l’ancien porte-parole du gouvernement a un handicap de taille : son image de proche de François Hollande. Pour beaucoup de militants, c’est l’homme du passé et l’homme du passif. Il défend malgré tout le quinquennat de son mentor, tout en en faisant le bilan. Autre point faible : lors des législatives, le député de la Sarthe n’avait pas eu face de lui de candidat LREM… Ancien directeur de cabinet de François Hollande à Solférino, il connaît bien les arcanes du parti. Il défend une ligne sociale-démocrate classique. Sur le fond, lui et Olivier Faure sont très proches. Sur la forme, il est meilleur. On l’a vu au débat. Alors que le PS a du mal à exister au sein de l’opposition, au milieu des Mélenchon ou Wauquiez, Stéphane Le Foll peut mettre en avant auprès des militants cette voix qui porte. Pas sûr que cela suffise.
Emmanuel Maurel : le candidat le plus à gauche qui sort son épingle du jeu
Emmanuel Maurel, à Paris, le 24 juin 2017.
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Le député européen ne connaît qu’une chose depuis des années au PS : être dans la minorité. C’est le lot de l’aile gauche, dont il est l’une des figures. Mais en se lançant dans la course pour prendre la tête du PS, Emmanuel Maurel espère changer l’ordre des choses. Pour ça, il arrondit les angles dans son discours. Une posture plus rassembleuse, dans l’espérance de l’emporter ? C’est loin d’être fait. D’autant que la gauche du parti est divisée. Les ex-hamonistes soutiennent Luc Carvounas et les aubrystes, qui faisaient partie des frondeurs sous Hollande, sont derrière Olivier Faure. Reste qu’Emmanuel Maurel a sorti, avec Stéphane Le Foll, son épingle du jeu lors du débat. Ouvert à la discussion avec Jean-Luc Mélenchon, il défend une ligne critique face aux excès du libéralisme, la seule capable selon lui de permettre le renouveau de la gauche. Mais s’il parvient à se retrouver dans le duel final, la partie s’annonce compliquée pour l’emporter. Avec un bon score, il pourra au moins peser pour la suite.
Le vote de la motion de censure n’a pas seulement fait tomber le gouvernement Barnier. Il empêche l’adoption de nombreux dispositifs, notamment toutes les mesures d’aides. Les agriculteurs et la Nouvelle Calédonie en font les frais, comme l’indexation de l’impôt sur le revenu. Il faudra attendre un nouveau budget, en début d’année, pour y remédier.
Dans le contexte du procès des assistants parlementaires du FN, Jordan Bardella se voit refuser la reconduction de François Paradol, son directeur de cabinet, comme assistant parlementaire local. « Le Parlement européen est devenu plus regardant sur les activités du RN », indique Olivier Costa, spécialiste de l’Union européenne.
Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.