Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Congrès des Régions de France : les élus locaux dénoncent le « mépris » du gouvernement
Par Alice Bardo
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Un contre tous et tous contre un. C’est le message qu’ont souhaité faire passer les présidents des associations d’élus locaux au gouvernement. Réunis à Marseille pour le Congrès des régions de France, le président de l’Association des maires de France, François Baroin, celui de l’Association des départements de France, Dominique Bussereau, et Hervé Morin, président des Régions de France, se sont succédé à la tribune pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis d’un État « recentralisateur ».
Le président du Sénat était, lui, venu en bon représentant des territoires. « Ce soir, ma place est parmi vous », a d’emblée clamé Gérard Larcher, pour ensuite faire part de sa colère : « Comment prôner la création d‘une start-up nation et en même temps opter pour la verticalité de la prise de décision ? » s’interroge-t-il.
« Unir (ses) forces »
Conséquence de la suppression de la taxe d’habitation sur les ressources des communes, accueil des mineurs isolés par les départements, retrait de l’apprentissage des compétences des régions… les collectivités locales sont concernées dans toutes leurs strates par les mesures du gouvernement actuel. « Les dossiers des collectivités locales ne sont pas traités correctement par le gouvernement », regrette Dominique Bussereau. D’où le « besoin d’unir leurs forces » des associations d’élus locaux, que souligne Hervé Morin, président des Régions de France.
« Pas de baisse des dotations »
Le gouvernement se défend de ces accusations en faisant notamment valoir la compensation par l’État de la suppression de la taxe d’habitation. Invité ce jeudi sur France Inter, Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, met en avant « un budget et des recettes des collectivités territoriales restés stables » et assure qu’il n’y a « pas de baisse des dotations ». L’exécutif a en effet décidé d’arrêter les baisses de dotation aux collectivités en 2017 et opté pour des « contrats financiers » dont l’objectif est d’inciter les 322 communes concernées par ce dispositif à limiter la hausse de leurs dépenses de fonctionnement à 1,2 %. « La contractualisation est plus intelligente que la politique du rabot », admet Gérard Larcher, qui n’est pas pour autant totalement convaincu par la mesure.
« Un État qui n’a plus les moyens »
Les présidents d’associations des élus locaux ont égrené une à une les mesures symboles de leur grogne. Même le plan pauvreté, plutôt fédérateur, suscite leur inquiétude : « C’est formidable, mais quid du financement ? On nous promet 50 millions d’euros, cela correspond aux besoins d’un seul département, le Nord ! » prévient le président de l’ADF. Et François Baroin de déplorer « un État qui n’a plus les moyens, ce qui l’amène à prendre les pires mesures. »
Après « l’échec de la Conférence des territoires », qu’avaient boudé les présidents des associations d’élus locaux, le Congrès des régions semble marquer le coup du divorce entre l’État et les collectivités.