Un jour de deuil national aura lieu, lundi 23 décembre, en hommage aux victimes du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel la semaine dernière. A 11 heures, tous les Français seront notamment invités à se recueillir.
Confinement : contrairement à ce que renvoient les réseaux sociaux, « les jeunes respectent d’avantage les règles que les plus âgés »
Par Nils Buchsbaum
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Fêtes sauvages, non-respect du couvre-feu, rassemblements sans port du masque, tout le monde a vu les images diffusées abondamment sur les réseaux sociaux. Mais si elles peuvent laisser penser que ces pratiques se généralisent et les jeunes sont les premiers à enfreindre les règles, ce n’est pas vraiment le cas pour Pierre Mercklé.
« Dès le premier confinement, on a eu un très fort conformisme social dans la majorité de la population. Je crois même qu’il a devancé l’énonciation des règles sanitaires, par exemple la question du masque, la population était en avance sur les préconisations ». L’étude que mène le sociologue a démontré que contrairement aux idées reçues, « les jeunes respectent plus les règles que les plus âgés, les urbains plus que les ruraux, les classes populaires plus que les classes favorisées ». Il précise, « le portrait du jeune, urbain, voire banlieusard qui ferait n’importe quoi, c’est exactement le contraire que l’on observe ». Les fêtes sauvages sont plus visibles car se passent dans l’espace public. « Il y a eu une stigmatisation assez forte des jeunes que l’on décrivait comme irrespectueux, que l’on accusait de contribuer à la contamination, alors qu’ils étaient ceux qui respectaient le plus les règles, ils ont un petit peu servi de bouc émissaire de façon un peu injuste par rapport à la réalité des comportements ».
Durant le premier confinement les gens se serrent les coudes… parfois même pour répondre à une injonction à la solidarité
Si la plupart des Français semblent lassés du confinement, « Certains d’entre eux sont nostalgiques du premier confinement de 2020 », déclare Véronique Reille-Soult de Backbones Consulting. Une analyse qui peut surprendre mais pour la spécialiste des réseaux sociaux « pour se rendre compte de cela on n’a pas regardé ce qui s’est dit à l’époque mais ce qui se dit au mois d’avril sur les réseaux sociaux », et d’expliquer : « Globalement la notion de collectif se dégage, le sentiment que l’on faisait alors un effort tous ensemble, que tout le monde était dans la même histoire. On se serrant les coudes, en étant tous ensemble… Sur le moment c’était dur mais rétrospectivement on ne se dit pas que l’on a envie de le revivre mais que c’était une aventure collective ».
Le sociologue Pierre Mercklé a lui réalisé une étude auprès de 15 000 Français. « On a constitué au début du premier confinement un panel de personnes qui ont accepté de répondre à des questions puis à des entretiens téléphoniques et ce sont ces gens que l’on continue de suivre ». Selon lui, certains ont beaucoup apprécié le premier confinement, « même s’ils n’ont pas forcément osé le dire sur le moment parce qu’il y avait aussi cette injonction à la solidarité ». Il ajoute cependant que ce fut loin d’être un sentiment unanime : « Quand on interroge sur les sentiments éprouvés, les sentiments négatifs sont clairement majoritaires. Il faut dire aussi que les classes favorisées ont beaucoup plus apprécié le premier confinement que le second et que dans les classes populaires c’est plutôt l’inverse. Par exemple pour certains l’école à la maison a été très compliquée et on a pu être content de voir les écoles rouvrir… »
Seule 7 % de la population a changé de logement pour le premier confinement
On se souvient à l’époque du premier confinement des images d’hostilité envers les parisiens partis se confiner ailleurs. Pour Pierre Mercklé, « ces images soulignent les choses les plus spectaculaires, mais le fait massif est qu’il n’y a pas grand monde qui s’est déplacé ». En effet d’après l’étude qu’il a réalisée, c’est environ 7 % de la population qui a changé de logement pendant le premier confinement. « Cela fait plusieurs centaines de milliers de personnes, c’est important mais en réalité ce n’est pas un exode des riches, un exode urbain, c’est un exode étudiant. 35 % d’entre eux sont retournés chez leurs parents ». Depuis de nouveaux confinements aux apparences moins strictes ont été imposés aux Français mais selon Véronique Reille-Soult, « aujourd’hui, on voit que c’est de plus en plus mal vécu. Depuis le deuxième confinement, il y a moins cet esprit collectif, les gens se disent qu’ils font des efforts et les autres non ». Pierre Mercklé confirme, « d’un confinement au suivant, les personnes que nous avons interrogées sont dans une forme de résignation, le sentiment qui augmente c’est la fatigue ».
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