L’annulation de la participation de la philosophe Sylviane Agacinski à une conférence-débat la semaine dernière, par l’université Bordeaux III, a donné l’occasion au sénateur LR Gérard Longuet d’interpeller le gouvernement, lors des questions d’actualité, tout comme la présidente de la commission de la culture et de l’éducation, la centriste Catherine Morin-Desailly. Un « problème bien réel », a reconnu le ministre de l’Éducation national Jean-Michel Blanquer.
La venue de l’intellectuelle hostile à l’extension de la PMA à toutes les femmes, en effet été déprogrammée, car l’université a estimé qu’elle n’était pas en mesure d’assurer la sécurité de la rencontre, après des menaces.
« Marlène Schiappa a sauvé l’honneur »
Agacinski, Sifaoui, Charb : Gérard Longuet interpelle sur les atteintes à la liberté d’expression
Lors de sa question initialement destinée au Premier ministre (absent de l’hémicycle), Gérard Longuet s’en est pris à la « réaction surprenante » du gouvernement, déplorant « l’ambiguïté » de la ministre de l’Enseignement supérieur ou le silence des autres. « Marlène Schiappa a sauvé l’honneur en exprimant publiquement son désaccord ».
Le sénateur de la Meuse a également cité d’autres exemples. Comme la suspension par l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne d’une formation dédiée à la prévention de la radicalisation, confiée à l’écrivain controversé Mohamed Sifaoui. Ou encore la déprogrammation d’une pièce tirée d’un pamphlet écrit par le dessinateur Charb, assassiné lors de l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015. « Nous avons la certitude que vous ne respectez le droit de parler que si et seulement si les minorités turbulentes pour en donnent l’autorisation », a accusé Gérard Longuet.
« C’est inacceptable et ça doit nous alerter », reconnaît Jean-Michel Blanquer
« Ce qui s’est passé à Bordeaux, et ce qui s’est passé à Paris est absolument inacceptable », a immédiatement répondu Jean-Michel Blanquer. « C’est inacceptable et ça doit nous alerter, parce que n’est pas un mouvement spécifiquement français. C’est une sorte de nouveau maccarthysme qui fait que l’on veut s’attaquer à la liberté d’expression. »
Mais le ministre a cependant rappelé que l’autonomie était un principe fondamental des universités. « Il n’appartient pas à la ministre de l’Enseignement supérieur […] de prendre directement ces décisions », a-t-il expliqué. « Il n’en demeure pas moins qu’il est dans notre rôle – et c’est ce que nous faisons, l’ensemble du gouvernement – de condamner ce qui s’est passé dans les deux cas. »