Communautarisme : Emmanuel Macron veut lutter contre « le séparatisme » et en même temps « les discriminations »

Communautarisme : Emmanuel Macron veut lutter contre « le séparatisme » et en même temps « les discriminations »

Dans une séquence qui devrait durer plusieurs semaines, Emmanuel Macron a posé, à Mulhouse, les premiers jalons de son plan de lutte contre le séparatisme islamiste, en prenant soin d’affirmer qu’il ne voulait pas « discriminer » les Français de confession musulmane.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est depuis le quartier de Bourtzwiller, à Mulhouse qu’Emmanuel Macron a posé les premiers jalons de son plan contre « le séparatisme islamiste ». Une sémantique savamment pesée selon la volonté du chef de l’État qui a confié ne « pas être à l’aise avec le terme communautarisme ». « On est dans la Nation française. On peut se sentir des identités multiples… Si on respecte les lois de la République on est tous dans la Nation » a-t-il justifié.

Dans ce quartier de Mulhouse, classé « quartier de reconquête républicaine » (QRR) il y a un peu plus d’un an, Emmanuel Macron n’a pas manqué de se féliciter « des résultats obtenus ». « Parce qu’on a remis 20 policiers mais aussi on a demandé aux enseignants de faire davantage… Pour casser, si je puis dire, ceux qui essayaient de manipuler depuis l’extérieur ». Bourtzwiller est aussi l'un des 17 territoires de lutte contre la radicalisation, définis depuis quelques mois, où sont mises en place des cellules contre l'islamisme et le repli communautaire (Clir) dont le chef de l'État souhaite renforcer l'action.

« Mettre la méritocratie partout ».

Dans les premières heures de sa visite de terrain qui s’est transformée en bain de foule, Emmanuel Macron est resté fidèle à son fameux « en même temps » en indiquant « vouloir lutter contre les discriminations », « mettre la méritocratie partout » et « lutter contre le séparatisme ».

« Macron voulait faire diversion en parlant communautarisme et séparatisme. Les questions des habitants le rappellent à la réalité : répondre à l’urgence sociale, aux problèmes d’emploi pour rassembler et faire République ! » a commenté sur twitter, la sénatrice communiste, Cécile Cukierman.

Le calendrier du plan de lutte contre le séparatisme va s’étendre au-delà des élections municipales des 15 et 22 mars. Le chef de l'État fera d’ailleurs un deuxième déplacement la semaine prochaine sur cette question.

L’exécutif compte s’appuyer sur les Maisons France Service et le réseau associatif pour y développer des « offres fiables » dans le domaine du sport et dans le domaine scolaire et périscolaire ou encore contrôler le développement des écoles privées hors contrats dont certaines peuvent prôner des idées contraires aux valeurs de la République.

Encadrement des écoles privées hors contrat

À ce sujet, la sénatrice centriste, Françoise Gatel s’est félicitée, ce mardi, des avancées de sa loi sur l’encadrement des écoles privées hors contrat, adoptée il y a deux ans jour pour jour. En 2019, 205 déclarations d’ouverture de ces établissements ont été transmises au ministère de l’Éducation nationale. Sur les 163 déclarations dont l’instruction a été achevée, 27 dossiers se sont vu opposer un refus d’ouverture (soit plus de 16%) et 24 établissements ont renoncé à ouvrir. « Dorénavant, la qualification insuffisante du directeur d’établissement, un financement douteux, une absence d’accessibilité du bâtiment ou un motif tenant à l’ordre public peuvent être valablement invoqués pour s’opposer à l’ouverture d’une école hors contrat. C’est une grande avancée. » a souligné la sénatrice dans un communiqué.

« Moi je n’attends pas un discours. En général il (Emmanuel Macron) fait de bons discours. Mais le problème, c’est que les discours restent au niveau des mots. Et déjà pour les mots, il a fallu attendre trois ans pour savoir qu’elle serait le bon qualificatif » a regretté, ce matin, le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, à l’initiative de deux propositions de loi sur le communautarisme et d’une commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation islamiste.

« On ne peut pas faire l’islam de France » estime Bruno Retailleau

"On ne peut pas faire un islam de France" pour Bruno Retailleau
00:27

Le chef de l’État doit aussi s’exprimer sur la structuration de l’islam de France, la formation des imams, le financement des lieux de culte alors que la nouvelle mosquée de Mulhouse, le centre Annour, a été financée aux trois quarts par des dons en provenance du Qatar et du Koweit. « Il faut qu’Emmanuel Macron sorte de l’ambiguïté. On ne peut pas faire l’islam de France (…) Le bon outil ce n’est pas l’institutionnalisation de l’islam de France qui manquera toujours son but parce que les plus radicaux ne s’y inscriront pas ou prendront le contrôle. Ce sont nos valeurs, la laïcité qu’on doit mettre en avant » préconise le sénateur de Vendée.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Communautarisme : Emmanuel Macron veut lutter contre « le séparatisme » et en même temps « les discriminations »
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Communautarisme : Emmanuel Macron veut lutter contre « le séparatisme » et en même temps « les discriminations »
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le