Emmanuel Macron a répondu jeudi à la polémique sur ses propos qualifiant la colonisation française de "crime contre l'humanité", dans une vidéo où il accuse ses adversaires d'"instrumentaliser ses propos à des fins électoralistes".
Concernant le passé colonial français, "il est temps de laisser le passé... passer. Sans repentance, et j'ai toujours été clair sur ce point, et sans refouler aussi", affirme le candidat à l'élection présidentielle dans cette vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux.
"Et je ne céderai rien à tous les responsables politiques qui aujourd'hui cherchent à instrumentaliser notre histoire, à instrumentaliser mes propos à des fins clientélistes ou électoralistes", ajoute-t-il.
Sans revenir sur ses propos, mais sans les renouveler, le candidat affirme avoir tenu "un discours de vérité et de complexité" pour "clôturer le deuil" de la guerre d'Algérie.
"Il est temps de clôturer ce deuil. Il faut pour cela avoir le courage de dire les choses et de ne céder à aucune simplification. C'est ce discours de vérité et de complexité que j'ai toujours tenu et que je tiens aujourd'hui", affirme-t-il.
Le candidat d'En Marche!, bien placé selon les sondages pour remporter la présidentielle, adresse toutefois plusieurs messages aux anciens combattants de la guerre d'Algérie et aux pieds-noirs ayant dû quitter le pays en 1962.
"Mes propos n'étaient pas destinés contre vous, en rien. C'était simplement reconnaître une responsabilité de l'Etat français et nous ne devons pas nous dérober", dit-il.
Pour Emmanuel Macron, "la colonisation a introduit une modernité par effraction" et "des dizaines de milliers d’instituteurs, de médecins, de fermiers ont beaucoup donné à l’Algérie".
Quant aux pieds-noirs, ils "ont été les victimes de la politique algérienne de la France avant comme après la guerre : une colonisation à sens unique ne leur a pas laissé d’autre issue que de quitter brutalement et à jamais les terres où ils étaient nés. C’était une injustice et c’est encore une souffrance", dit-il.
Il s'adresse également aux harkis, ces soldats algériens restés du côté de la puissance coloniale: ils "ont été les victimes de la trahison de l’Etat français" et "nous les avons abandonnés alors qu’ils s’étaient battus dans nos rangs".
C'était une "faute" et une "trahison", affirme M. Macron, qui cite également le cas des interprètes afghans de l'armée française durant la récente guerre d'Afghanistan.
Plus tard, sur RTL, le candidat a affirmé qu'il avait "tenu un propos équilibré et qui consistait à dire en effet que des crimes ont été commis, des barbaries dans le cadre de la colonisation –en particulier dans les temps de guerre- et qu'en même temps une modernité par effraction s'est faite dans le cadre de cette colonisation", a-t-il dit.
Dans une interview à la chaîne privée algérienne Echourouk News lors de son voyage en Algérie en début de semaine, l'ancien ministre de l'Economie avait qualifié la colonisation de "crime", de "crime contre l'humanité" et de "vraie barbarie".
Des propos qu'il maintient, a-t-il dit jeudi soir, "parce que je n'ai pas dit que cela".