Emmanuel Macron conseille aux jeunes d'aller aussi "manifester en Pologne" pour l'aider "à faire bouger ceux" que lui "n'arrive pas à faire évoluer" sur la lutte contre le changement climatique, dans des déclarations faites à la presse française dans l'avion pour New York.
"Les dénonciations, on est au courant. Défiler tous les vendredis pour dire que la planète brûle, c'est sympathique, mais ce n'est pas le problème", a expliqué le chef de l'Etat français selon des propos rapportés lundi par Le Parisien et France inter, à propos des marches pour le climat du vendredi qui rassemblent des milliers de jeunes du monde entier.
"On doit rentrer dans une forme d'action collective. Je préfère que tous les vendredis on fasse de grandes opérations de ramassage sur les rivières ou les plages corses", a-t-il préconisé dans l'Airbus qui le conduisait dimanche soir à New York au sommet sur "l'urgence climatique" de l'ONU, censé revigorer le chancelant accord de Paris.
Accusant le gouvernement polonais de bloquer les avancées au niveau européen, notamment l'agenda de neutralité carbone en 2050, M. Macron a conseillé aux jeunes d'aller "manifester en Pologne", insistant: "Qu'on vienne m'aider à faire bouger ceux que je n'arrive pas à faire évoluer!"
Ces propos ont été critiquées par l'opposition, surtout à gauche. "Le roi du mépris a parlé. #Macron propose aux jeunes qui marchent pour le climat d'aller manifester en #Pologne. Le bilan carbone serait pourtant meilleur en allant à l'Élysée", a tweeté le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Porte-parole du PCF, Ian Brossat a fustigé des "propos suffisants et fielleux" ainsi qu'une "arrogance sans borne" qui "est insupportable".
"Comment être si rusé et si peu comprendre la bascule qui a lieu dans nos sociétés et notre jeunesse? Le +nouveau monde+, il était dans nos rues et sur nos places ce week-end. Notre Président appartient, lui, clairement à l'ancien", a estimé l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, fondateur de Place publique et tête de liste PS-PP aux Européennes.
Dans l'avion pour New York, Emmanuel Macron a assuré avoir "besoin de la mobilisation des uns et des autres" pour aller "plus vite, plus fort" dans la lutte contre le changement climatique. "Ce qui est utile, c'est la pression mise sur tout le monde", a-t-il expliqué.
En France, il juge "malhonnête d'opposer les "gilets jaunes" à la transition climatique".
"Les gens ont dit une souffrance sociale mais aussi, pour certains, une vraie conscience écologique. Ils nous ont simplement dit: ne nous mettez pas dans une impasse", a-t-il souligné.
"Ils ont dit: on a le droit de ne pas avoir les moyens de changer de voiture et être sensible au climat. C'est au pays de s'adapter, et on doit donner les moyens aux gens de faire cette transition. Ça, c'est notre boulot", a aussi affirmé le chef de l'Etat.