Chiffres du chômage : « On arrive dans une reprise de l’emploi portée par l’économie »

Chiffres du chômage : « On arrive dans une reprise de l’emploi portée par l’économie »

Dans Sénat 360, économistes et journalistes économiques ont analysé les premiers chiffres trimestriels du chômage, publiés ce mercredi, en demi-teinte selon les catégories.
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Finies les traditionnelles publications des chiffres du chômage à la fin de chaque mois. Si ces derniers ne disparaissent pas des bases, le ministère du Travail préfère avoir désormais les yeux rivés sur des statistiques trimestrielles, qui reflètent mieux, selon Pôle Emploi, les évolutions tendancielles.

Invités de notre émission Sénat 360, plusieurs observateurs ont commenté cette baisse de 1% du nombre d’inscrits sans aucune activité au premier trimestre 2018 (en France métropolitaine), qui s’accompagne néanmoins d’une progression de l’emploi précaire.

Une « normalisation du marché du travail », analyse Raphaël Legendre

Pour Raphaël Legendre, journaliste et éditorialiste au quotidien L’Opinion, ce recul du chômage total marque une évolution après la fin du quinquennat de François Hollande, marquée selon lui par une « baisse artificielle du chômage » et le recours aux emplois aidés ou à la formation. « On arrive à une reprise de l’emploi plus structurelle, portée par une reprise de l’économie, donc à une dynamique plus pérenne », explique-t-il.

Quelles sont les causes de ce reflux ? « Plutôt pas Emmanuel Macron », répond « de façon à peu près sûre », Bruno Ducoudré, économiste à l’OFCE. « Les mesures qui ont été prises depuis qu’il est arrivé au pouvoir vont plutôt dans le sens de freiner la baisse du chômage : je pense à la fin des plans de formation qui n’ont toujours pas de suite […] On a la forte baisse des contrats aidés, qui a été actée à la mi-2017 et qui s’est poursuivie. »

Un « effet Macron » qui a joué selon Jean-Marc Sylvestre

Éditorialiste économique, Jean-Marc Sylvestre évoque trois facteurs. La dernière partie du quinquennat de François Hollande avec la mise en place du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) a « donné un petit coup de boost aux créations d’emploi ». La France a également bénéficié, selon lui, des « vents du large », avec une conjoncture internationale favorable. Le journaliste ajoute que le discours et l’image d’Emmanuel Macron tenus auprès des chefs d’entreprise a pu « provoquer des anticipations » sur le front de l’investissement.

Maître de conférences en économie à Rennes 2, et chercheuse associée au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), Sabina Issehnane redoute que la baisse du nombre d’inscrits en catégorie A, « très infime », ne soit l’arbre qui ne masque la forêt. « La réalité, c’est plus de 6 millions de demandeurs d’emploi », souligne-t-elle, pointant les catégories B et C (activité réduite) qui ont doublé depuis la crise de 2008. « On a plus de deux millions de Français qui se situent entre le chômage et l’emploi ».

Une reprise qui ne profite pas aux plus précaires, selon un économiste de l’OFCE

« Ils restent inscrits de plus en plus longtemps », ajoute Bruno Ducoudré (OFCE). « C’est lié au fait que vous avez des créations d’emploi qui sont massivement des CDD, des petits boulots, des personnes qui vont enchaîner des contrats de quelques jours et qui, du coup, restent inscrites à Pôle Emploi […] Elles sont obligées de rester, elles complètent leurs revenus avec les allocations-chômage, via le système des droits rechargeables. Aujourd’hui, la reprise ne leur profite pas vraiment. »

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