Bercy tape du poing sur la table. Mardi et mercredi, des agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont mené des perquisitions au siège des centres E. Leclerc à Ivry-sur-Seine. Une enquête menée dans le cadre des négociations commerciales annuelles entre industriels et distributeurs, qui arrivent bientôt à leur terme.
« Si nous prenons la décision de faire des enquêtes, ensuite de faire des perquisitions, c’est que nous avons des éléments qui prouvent, selon nous, que ces règles ne sont pas respectées », a réagi Bruno Le Maire, sur Public Sénat. Le ministre de l’Économie a rappelé que ces règles s’appliqueraient « à tous, sans exception ». « C’est la justice qui tranchera, et on verra, qui de la grande distribution ou de l’État a raison en la matière ».
« Je trouve la réponse de Leclerc décevante »
Le ton monte entre le premier distributeur de France et le gouvernement. Dans un communiqué, l’enseigne déplore que « la période est aux annonces politiques ». « Je trouve la réponse de Leclerc décevante », a rétorqué le ministre sur notre antenne. « Il sait parfaitement, cette enseigne comme les autres, qu’ils ont pris des engagements. »
Au mois de novembre, Leclerc, comme les autres principaux acteurs de la grande distribution, avait apposé sa signature sur la charte d’engagement des États généraux de l’alimentation, qui a introduit de nouvelles règles pour la négociation des prix. Ce document de bonne conduite impose notamment de prendre en compte les coûts de production.
« C’est toujours les plus fragiles, les plus faibles, c’est tout ceux qui sont en position de faiblesse dans la négociation sur le prix qui se font étrangler par les grands distributeurs, je ne laisserai pas faire ça », a prévenu Bruno Le Maire.
« Personne, aucun distributeur, aussi important soit-il, ne pourra contourner ces règles. Je ne tolérerai aucune fraude, aucun contournement, aucune entente entre les uns et les autres. Les règles commerciales seront respectées. »
Bruno Le Maire, sur Public Sénat, le 1er mars 2018.
Grande distribution : « Je ne tolérerai aucune fraude, aucune entente » (Le Maire)
Sans citer un autre enseigne du secteur, Intermarché, qui avait été épinglée pour ses promotions à -70% sur plusieurs produits, Bruno Le Maire a souligné que l’action de ses services suivait la même logique. « Quand une autre grande enseigne refuse de respecter les règles du seul de revente à perte sur le Nutella, nous faisons respecter ces règles. »
Selon le ministre de l'Économie, la DGCCRF a mené 265 contrôles dans la grande distribution depuis le 1er janvier, « pour faire respecter ces règles commerciales ».