Le député LREM de Paris, Sylvain Maillard, a affirmé lundi que "même dans les cas de grand froid, certains SDF ne souhaitent pas être mis à l'abri", avançant le chiffre de 50 SDF par nuit en moyenne qui restent dans la rue en Ile-de-France faute de solution d'hébergement.
"Le chiffre est exact, c'est cinquante dossiers sur lesquels nous n'arrivons pas à donner de solutions positives, favorables à une mise à l'abri", a indiqué M. Maillard, interpellé sur RFI sur le chiffre mentionné la semaine dernière par le secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires Julien Denormandie sur France Inter, qui avait été jugé sous-estimé par la presse.
A la question de savoir combien de gens avaient dormi dehors la nuit précédente, le secrétaire d'Etat avait répondu "les chiffres que nous avons, c'est à peu près une cinquantaine d'hommes isolés en Ile-de-France, pour être très précis".
"Il y a eu une incompréhension dans ses propos", a expliqué Sylvain Maillard. "50 SDF ne se voient pas proposer une solution pour être à l'abri chaque jour, chaque soir à Paris, en Ile-de-France", a-t-il précisé, ajoutant que "c'est la moyenne".
"Même dans les cas de grand froid, certains SDF ne souhaitent pas être mis à l'abri. Certains SDF souhaitent rester seuls dans la rue, c'est leur choix. Rien ne les oblige à être mis à l'abri", a-t-il souligné.
Dans la soirée, le député a précisé ses propos: "il y a des sans-abri qui ne souhaitent pas entrer dans des solutions d’hébergement qui leur sont proposées même dans les cas de grand froid. Ils souhaitent rester seuls dans la rue, c’est leur choix, rien ne les oblige à être mis à l’abri".
"On doit leur proposer une solution. Ce sont des cas sur lesquels il faut se pencher, c’est très important de proposer une solution à tous", a-t-il ajouté.
"Je comprends que des raccourcis de mes propos aient pu contredire le sens général de mon message et donc heurter des personnes en grande précarité et également les bénévoles qui sont au quotidien en première ligne", a-t-il fait valoir.
Lors d'un discours prononcé en juillet, Emmanuel Macron avait déclaré qu'il ne voulait plus voir "personne dans les rues, dans les bois, d'ici la fin de l'année".
"Macron avait promis qu'il n'y aurait plus de SDF dans la rue... il y en a encore, c'est donc la faute des SDF... La marque de fabrique des députés LREM est l'arrogance, la prétention et l'inhumanité", a tweeté Lydia Guirous, porte-parole de LR.
"Rappelons que, comme Macron, Sylvain Maillard ne vit pas sur Terre mais sur Jupiter !", a affirmé de son côté le député LFI Adrien Quatennens.
"Franchement, Sylvain Maillard, vous n'avez pas honte de dire des choses pareilles ?", a aussi lancé Ian Brossat, adjoint PCF au logement de la maire de Paris Anne Hidalgo, dénonçant "le monde merveilleux de la Macronie".
Interrogé sur les réseaux sociaux lors d'un live réalisé par "Brut" sur ces déclarations de M. Maillard et l'idée que les responsables politiques seraient déconnectés de la réalité, le président de l'Assemblée François de Rugy (LREM) a quant à lui répondu qu'on peut "à partir d'une phrase de tel ou tel", faire des "caricatures" et "lancer sur internet des polémiques" voire "une curée médiatique".