La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron sur la refondation de l’Europe
Par Helena Berkaoui
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Première «clef de la souveraineté» européenne : «la sécurité»
Après avoir fustigé l’absence d’une « culture stratégique commune, » le président a appelé à la création d’une académie européenne du renseignement, à la création d’un parquet européen contre la criminalité et le terrorisme et à la constitution d'un budget de la défense commun. Le président a aussi proposé « d’accueillir dans nos armées nationales des militaires venant de tous les pays européens volontaires. » Son propos s’est étendu à l’insécurité climatique nécessitant d'après lui la création d’une « forme européenne de protection civile mettant en commun les moyens de secours et d’intervention pour répondre aux catastrophes de moins en moins naturelles comme les séismes et les inondations. »
Crise migratoire : un « office européen de l’asile pour harmoniser les procédures»
Emmanuel Macron propose la construction d’un espace commun de l’asile et d’une police européenne des frontières. Il a aussi souligné sa volonté de voir se créer des fichiers interconnectés « entre les douanes des différents pays européens et des documents d'identité biométriques sécurisés pour les migrants. » Le président a proposé le financement d’un programme de formation et d’intégration pour les réfugiés et a souligné que « faire une place aux réfugiés est notre devoir commun d’européens. »
La troisième clef : la politique de développement
Dans la continuité de son exposé, le président a appelé à une « politique du développement, reposant sur l’éducation, la santé, l’énergie. » Cette aide publique au développement serait notamment financée par les ressources d’une nouvelle taxe sur les transactions financières au niveau européen. Maintes fois évoquées, ce type de taxe n’est en place que dans deux pays de l’Union européenne, la France et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron veut « l’étendre à toute l’Europe. »
La transition écologique : quatrième clef
« L’Europe doit être à l’avant-garde de la transition écologique. » Fort de cette volonté, Emmanuel Macron a proposé l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe. Le président sollicite la création d’un marché européen de l’énergie et celle d’un programme européen de soutien aux voitures propres. Il est aussi revenu sur la politique agricole commune (PAC) regrettant son caractère bureaucratique. Il prône une PAC plus souple qui serait « l’instrument de la transition agricole. ». Une PAC qui doit « permettre de faire vivre dignement les agriculteurs (...) elle doit les aider à évoluer pour construire une agriculture plus responsable. »
Une agence européenne pour le numérique
« La cinquième clef de notre souveraineté » porte sur le numérique. Le président veut voir l’Europe « prendre la tête de cette révolution par l’innovation radicale. » Un projet qu'il n'envisage pas sans un cadre de régulation destiné à « protéger les données économiques de nos entreprises » et les données personnelles des citoyens. Le président a aussi insisté sur la taxation des grandes entreprises du numérique. « La France veut que la valeur créée soit taxée là où elle est produite » a-t-il déclaré.
Sixième clef : « la puissance économique et industrielle »
« Faire de cette zone une puissance économique concurrente de la Chine et des Etats-Unis » et « réduire le chômage qui frappe un jeune sur cinq dans la zone euro » sont les objectifs de son prjoet pour l'Europe. Selon le président, ces ambitions devraient s’appuyer sur une « politique économique et un budget commun. » Emmanuel Macron plaide de nouveau pour la création d'un ministère des Finances et d'un budget de la zone euro. Ce budget serait financé par les taxes sur le numérique et l'environnement. Mais ce point fait grincer des dents outre-Rhin. Le chef des libéraux allemands (FDP), Christian Lindner, a clairement exprimé son désaccord quant à un tel projet qu'il juge « impensable » et qui représente à ses yeux « une ligne rouge ». Conscient de cette limite, Emmanuel Macron se dit persuadé que la réponse d'Angela Merkel ne sera « ni le repli, ni la timidité » mais « l'audace et le sens de l'histoire. »
Emmanuel Macron a rappelé ses tractations en vue de réviser la directive sur les travailleurs détachés et a prôné « un projet de convergence fiscale et sociale. » Il ainsi appelle l'Europe à se doter « d'instruments de solidarité » matérialisés par une « convergence sociale et fiscale, notamment sur l'impôt sur les sociétés. »
Sur les élections européennes
Le chef de l'Etat a plaidé pour une Europe plus démocratique en évoquant l'instauration de listes transnationales dès les prochaines élections européennes en 2019. Avec pour objectif un parlement européen pour moitié composé de listes transnationales en 2024.
Sur la jeunesse
Dans une ôde à cette Europe du multilinguisme, il a avancé son projet d'un ERASMUS renforcé. « L'Europe doit être cet espace où chaque étudiant devra parler aux moins deux langues européennes. » Il souhaite la création d'une vingtaine d'universités européennes d'ici à 2024.
Renforcer le couple franco-allemand
Emmanuel Macron veut un nouveau traité de l'Elysée avec l'Allemagne pour consigner leurs « engagements communs ». Il a même évoqué une date pour la signature de ce traité : le 22 janvier 2018 soit 55 ans après le traité signé par de Gaule et Adenauer en 1963.