Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Cazeneuve revient sur le devant de la scène au PS
Par Stéphanie LEROUGE
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Certains de ses proches vont jusqu'à parler d'un retour. Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre du quinquennat Hollande, se fait de nouveau visible et promet d'aider sa famille politique déboussolée à "renaître", même s'il ne se voit pas en "sauveur" pour 2022.
M. Cazeneuve consulte, reçoit tous les élus qui le demandent, et multiplie les prises de parole comme autant de "cartes postales": au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) le 10 mai, où il a critiqué sans concession la politique "de droite" menée selon lui par le gouvernement; en meeting à Lyon, le 17 mai, où il a promis à la gauche des "victoires"; à Montpellier, le 23 mai, où, s'exprimant deux heures durant devant des militants, il s'est, selon des participants, dit "disposé à aider tous ceux qui le solliciteraient".
"Je suis désireux d'aider ma famille, je suis désireux qu'elle renaisse", confie à l'AFP l'ancien ministre de 56 ans, qui confirme qu'il apportera pour les municipales son soutien à ceux qui le souhaiteront.
Le 17 juillet, M. Cazeneuve pourrait à nouveau s'exprimer dans un cadre politique, au pot de fin de session du groupe des sénateurs PS, où sont invités selon des sources concordantes l'ancien président François Hollande, les "anciens premiers ministres socialistes" et le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
L'occasion d'un passage de témoin ? Proche de M. Hollande dont il est désormais un collaborateur, l'ancien ministre du Budget Michel Sapin accrédite l'hypothèse. "Si nous ne lançons pas rapidement une dynamique à gauche, il ne nous restera plus qu'à savoir qui soutenir au premier tour de la présidentielle en 2022. Or, la seule personne en capacité, c'est Bernard Cazeneuve. C'est lui qui a le plus d'aptitudes, et je l'espère la volonté. François Hollande lui-même en est conscient", a-t-il affirmé au Figaro vendredi.
- "Homme d'Etat" -
M. Cazeneuve, qui confirme avoir refusé d'entrer au Conseil constitutionnel en février pour garder sa "liberté de parole", publiera à l'automne un livre sur ses années au ministère de l'Intérieur. Manière de conforter sa stature d'"homme d'Etat".
Au PS, son "retour en première ligne", comme dit le sénateur Patrick Kanner, est accueilli favorablement par la majorité des poids lourds, à commencer par Olivier Faure. "Bernard Cazeneuve, il sait qu'il peut être un recours pour la gauche, une figure majeure, un homme d'Etat. Il n'est pas marqué de la même façon que d'autres" par le quinquennat de François Hollande, assure le député de Seine-et-Marne, qui avait dressé en janvier un inventaire sévère de l'action de l'ancien président.
La présidente du groupe PS à l'Assemblée Valérie Rabault salue sa "capacité à rassembler et à donner envie aux jeunes générations".
Pour un ancien député qui fut proche de François Hollande, "il y deux personnalités d'avenir au PS, Bernard Cazeneuve et Anne Hidalgo si elle regagnait Paris". A l'approche des municipales, son implication permettrait, explique-t-il, de "recalcifier" un vote de centre-gauche que La République en Marche convoite également.
Dans ce concert de louanges, quelques voix discordantes, comme celle de l'ancien porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll: "C'est vrai, c'est quelqu'un de bien (...) Mais qu'est-ce qu'il pense ?". Pour "régler le problème de l'incarnation gouvernementale", ce dont a besoin le PS ce n'est pas d'un "homme", mais d'une "ligne", argue-t-il.
François Rebsamen, le président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), est plus cinglant: Bernard Cazeneuve, "il pense quoi à part qu'Alliance est le plus gros syndicat de la police ?", se demande-t-il. L'ancien ministre de l'Intérieur est une "bouée de sauvetage pour des gens en perdition", et en aucun cas "l'homme providentiel de la gauche de demain", tacle-t-il, en raillant son côté "pompeux, IIIe République, plus le costume trois pièces !".
M. Cazeneuve se dit indifférent à ses critiques, et ne prétend pas au demeurant être le "sauveur" de la gauche. "C'est une illusion, le sauveur. Il ne peut y avoir que des gens de bonne volonté qui aident un espace à se structurer, en apportant une contribution personnelle dans un cadre collectif", assure-t-il.