Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Camps de migrants à Paris : « il ne faut pas laisser grossir puis demander d’évacuer » conseille Gérard Collomb
Par Juliette Bénézit et Alexandre Poussart
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Le camp du Millénaire situé sur les bords du canal de l’Ourcq à Paris a été évacué ce matin. Sur place, 1 016 migrants installés depuis plusieurs semaines dans des tentes de fortune ont été mis à l’abris dans des gymnases de la région parisienne. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, auditionné, ce mercredi par le Sénat, sur le projet de loi asile-immigration, a indiqué que « 28 000 migrants » avaient été évacués de cette façon-là à Paris depuis deux ans et demi.
« Paris, base arrière de la Jungle de Calais » selon la socialiste Marie-Pierre De La Gontrie
La sénatrice socialiste de Paris Marie-Pierre de la Gontrie y voit une cause toute trouvée : « Paris est devenu la base arrière de Calais », depuis le démantèlement de la « jungle », en 2016. Et Gérard Collomb d’expliquer: « Moi je suis pour qu’il y ait des relations les plus partenariales entre le ministère de l’Intérieur et les municipalités [...] », pour ne pas « laisser grossir grossir grossir [les camps] sans rien dire et puis tout d’un coup évacuer ». Une déclaration qui n’est pas anodine compte tenu de la tension qui a caractérisé les relations entre le ministère de l’Intérieur et la mairie de Paris ces dernières semaines.
Les migrants encouragés à fuir avant l’évacuation, selon Gérard Collomb
Toujours concernant l’évacuation du camp du Millénaire de ce matin, Gérard Collomb a fustigé - brandissant un document devant les sénateurs - des papiers « distribués mardi, aux migrants, avant l’évacuation » les prévenant de l’intervention qui allait avoir lieu et leur conseillant de quitter les lieux s’ils relevaient de la procédure dite de Dublin, qui les rend expulsables. « Si on ne contrôle pas les gens, la situation échappera à tout le monde », a critiqué le ministre. Tout en soulignant qu’il n’attribuait pas la diffusion de ces documents à la mairie de Paris.
Gérard Collomb favorable à un fichier national des mineurs étrangers isolés
Le ministre de l’Intérieur a aussi confié aux sénateurs que le Premier ministre et les départements, qui gèrent l’accueil des mineurs étrangers isolés, étaient proches d’un accord sur le partage de la prise en charge de ces jeunes. Gérard Collomb s’est par ailleurs déclaré favorable à la création d’un fichier national des mineurs étrangers isolés « qui permettrait d’économiser beaucoup d’argent ». « Quand vous n’avez pas été reconnu mineur dans un département, vous pouvez aller dans le département voisin et la procédure recommence, car vous n’êtes pas fichés », a expliqué Gérard Collomb. Le sénateur (Les Républicains) François-Noël Buffet a indiqué qu’il allait déposer un amendement au texte Asile et immigration, en ce sens.
« Aujourd’hui, les centres de rétention administrative sont pleins à 95% »
Enfin, Philippe Bas, président LR de la commission des lois, a longuement interrogé le ministre de l’Intérieur sur l’utilité ou non d’augmenter le délai de rétention administrative des personnes déboutées du droit d’asile, comme cela est prévu par le projet de loi asile-immigration. « Si on les retient plus longtemps, il faut que ce soit utile », a déclaré Philippe Bas, en référence aux laissez-passer consulaires - nécessaires à toute expulsion - que le gouvernement peine souvent à obtenir auprès des pays d’origine. Le « coût » de cette augmentation des délais de rétention ayant retenu l’attention de Philippe Bas comme du ministre.
400 places supplémentaires dans les centres de rétention
Et Gérard Collomb d’assurer : « L’année prochaine, je pourrai vous annoncer des chiffres de laissez-passer consulaires en très nette augmentation ». De quoi, d’après le ministre, rendre aux centres de rétention administrative (CRA) - où les déboutés du droit d’asile sont enfermés avant leur expulsion - toute leur efficacité, notamment financière. Et même plus encore: » nous allons ouvrir 400 places supplémentaires » dans les CRA, car ces derniers « sont pleins à 95% depuis que l’on a lancé notre politique », s’est félicité Gérard Collomb.