C’est donc la dernière ligne droite pour les différents candidats. Et le début du casse-tête pour les chaînes de télévision et les radios qui sont désormais soumises aux nouvelles règles complexes du temps de parole et du temps d’antenne des 11 candidats, instaurées en juin 2016. Depuis le 18 mars, date de l’annonce officielle des heureux parrainés, elles doivent appliquer strictement la règle de l’équité. Et le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) veille…
Temps de parole / temps d’antenne
Les médias doivent comptabiliser les prises de parole sur leur antenne. Première complication, le CSA distingue le temps de parole et le temps d’antenne. « Le temps de parole correspond à la diffusion de toutes les interventions d’un candidat ou de ses soutiens. Le temps d’antenne recouvre, d’une part, le temps de parole et, d’autre part, l’ensemble des éléments éditoriaux consacrés à un candidat ou à ses soutiens » souligne, sur son site internet, le CSA. Ainsi, n’importe quelle analyse ou revue de presse, consacrée en majeure partie à un candidat fait partie du temps d’antenne. L’opération se corse lorsqu’il s’agit de déterminer si les propos sont favorables (dans ce cas, ils sont intégrés au temps d’antenne) ou défavorables (ils ne sont alors pas décomptés) au candidat. Et dans le contexte des « affaires », la question est loin d’être anodine. Ainsi, le directeur de campagne de François Fillon, Vincent Chriqui, s’est fendu d’une lettre au CSA, le 17 mars dernier, pour protester contre la mise en garde de l’autorité qui estimait que le temps de parole du candidat de la droite était « anormalement élevé » dans les médias. Or, pour le directeur de campagne, les soi-disants soutiens de François Fillon ont pour certains vertement critiqué le candidat. Ainsi, un élu qui réclame un ajustement de la campagne ou appelle à choisir un nouveau candidat doit-il être intégré dans le temps d’antenne ?
Equité / égalité
Jusqu’au 18 mars, les médias devaient appliquer une forme d’équité entre les candidats avec une marge d’appréciation large, faute de liste définitive des candidats. Depuis le 18 mars, la donne a changé. L’équité est toujours de mise mais elle s’applique de façon plus stricte et à « conditions de programmation comparables. » Impossible donc de relayer les paroles de petits candidats au milieu de la nuit. Quant au temps alloué, il se détermine en fonction de critères plutôt flous :
- « La représentativité des candidats qui prend en compte, en particulier, les résultats du candidat ou de la formation politique aux plus récentes élections ; »
- « La capacité à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d'un mandataire financier, et plus généralement toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments du programme du candidat. »
Concrètement, le CSA s’appuie sur les résultats des dernières élections, qui favorisent les plus gros, mais aussi les résultats des sondages, sans quoi Emmanuel Macron serait inaudible. Le nombre de meetings organisés, l’effervescence sur les réseaux sociaux sont aussi pris en compte, de façon évidemment subjective. Les relevés de temps de parole de chaque chaîne ou station sont publiés régulièrement sur le site du CSA.
A partir du 10 avril, l’équité se transforme en égalité. Tous les candidats, même les plus petits sont donc logés à la même enseigne.
Et internet ?
Comme la presse écrite, les sites internet et les réseaux sociaux ne sont pas visés par ces règles complexes et peuvent diffuser ce qu’ils souhaitent même pendant la période électorale. A l’inverse des télévisions et radios, ils ne sont pas soumis au silence absolu la veille et le jour du scrutin bien qu’ils n’aient pas le droit de révéler les résultats avant 20h. Ainsi, les informations venues de Belgique ou de Suisse inondent les réseaux sociaux. Pour y faire face, le Conseil constitutionnel a d’ailleurs annoncé la fermeture des bureaux de vote à 19h au lieu de 18h (sauf dans les grandes villes, où les bureaux ferment à 20h).