Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Cambadélis: un gouvernement “pour faire passer les lois de droite au canon”
Par Public Sénat
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Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a dressé jeudi un véritable réquisitoire contre le premier gouvernement du quinquennat d'Emmanuel Macron, estimant que son objectif est de "bâillonner l'Assemblée pour faire passer les lois de droite au canon".
"Le gouvernement a une apparence, mais il a surtout une réalité, tenter de donner à Édouard Philippe, Premier ministre de droite, une majorité absolue à l'Assemblée nationale. L'objectif est de bâillonner l'Assemblée pour faire passer les lois de droite au canon", a déclaré Jean-Christophe Cambadélis au cours d'une conférence de presse au siège du PS, au lendemain de la formation du gouvernement.
"Il n'y a pas de ministre socialiste au gouvernement. Il y a une colonne vertébrale de droite et des ministres d'En Marche qui ont quitté le Parti socialiste ou ont été exclus. En choisissant de confier Bercy à Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, le Premier ministre Édouard Philippe aura l'assurance de pouvoir mener une politique économique +de droite et en même temps de droite+, dont les priorités consisteront à augmenter la CSG, supprimer l'ISF, remettre en cause les protections des salariés, réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires et casser les services publics", a poursuivi le député de Paris.
Le gouvernement compte plusieurs élus issus du PS: Jean-Yves Le Drian, Richard Ferrand, Gérard Collomb, Christophe Castaner. Les deux derniers ont parrainé M. Macron à la présidentielle, ce qui les exclut de fait du parti, selon une de ses porte-paroles, Corinne Narassiguin.
Richard Ferrand sera candidat aux législatives sous l'étiquette de la République en marche, ce qui l'exclut du PS, comme il en a lui-même convenu. Une ambiguïté demeure en revanche concernant Jean-Yves Le Drian, qui a simplement soutenu M. Macron avant le premier tour de la présidentielle, de sorte que son cas relève en théorie de la commission des conflits du Parti socialiste.
Interrogé par L'Opinion jeudi matin sur le cas de M. Le Drian, le président du Conseil général de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel a d'ailleurs estimé qu'il fallait "exclure" M. Le Drian.
"Ce gouvernement de droite pour la droite ne peut inspirer la confiance à un moment où le pays a besoin de gauche", a jugé M. Cambadélis, appelant une nouvelle fois les Français à élire de "nombreux députés de gauche".
Il a rappelé que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire "lorsqu'il était candidat à la primaire de la droite, plaidait notamment pour la fin de la fonction publique territoriale, la baisse de 80 milliards de dépenses publiques et la restriction de l'APL".
M. Cambadélis a particulièrement ciblé le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, "un homme de purges", qui en tant que directeur général de l'Enseignement scolaire de 2009 à 2012 a "beaucoup contribué à la suppression de 80.000 postes dans le quinquennat Sarkozy", et "n'excluait pas il y a encore quelques mois (...) de changer le statut des enseignants en proposant aux professeurs des contrats de travail de droit privé".
Il a jugé que des ministres du gouvernement "étaient en contradiction totale avec le président de la République", citant Gérald Darmanin, le maire LR de Tourcoing, qui s'était "fortement opposé au mariage pour tous".