Bureaux de vote: le défi des maires pour recruter des assesseurs

Bureaux de vote: le défi des maires pour recruter des assesseurs

Le duel inédit entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron pour le second tour de l'élection présidentielle constitue un défi pour les...
Public Sénat

Par Mehdi BOUDARENE, avec les bureaux régionaux de l'AFP

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Le duel inédit entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron pour le second tour de l'élection présidentielle constitue un défi pour les mairies, qui craignent une pénurie d'assesseurs dans les bureaux de vote et s'organisent en conséquence.

En raison de l'absence des candidats du Parti socialiste et des Républicains - deux partis qui ont fourni un nombre important d'assesseurs au premier tour - les présidents des bureaux de vote pourraient avoir des difficultés à en recruter en nombre suffisant pour le second tour. Des maires seraient même contraints de mobiliser des agents municipaux rémunérés.

Selon André Laignel, vice-président PS de l'Association des maires de France, En Marche! et le FN sont "incapables de fournir le nombre d'assesseurs nécessaires", alors que le code électoral exige que les bureaux de vote soient constitués, "au minimum, d'un président, d'un secrétaire et de deux assesseurs".

Si leur nombre est inférieur à deux, les assesseurs manquants sont mobilisés parmi les conseillers municipaux ou les électeurs présents à l’ouverture des bureaux de vote à 08H00.

"Les militants FN avancent masqués et sont peu mobilisés, tandis que ceux d'En Marche!, ils n'existent pas sur le terrain", relève M. Laignel.

- Des agents indemnisés -

Pour y remédier, plusieurs villes ont lancé des appels à candidature ces derniers jours.

A Lille, "peu de partis s'étaient mobilisés au premier tour, et c'est encore plus difficile pour le second tour", confie Marie-Christine Staniec-Wavrant, adjointe à la maire de Lille. L'élue confirme devoir mobiliser "300 agents municipaux pour compléter le nombre d'assesseurs dans les 96 bureaux" de la ville.

À Marseille, la mairie a lancé un appel à désignation de "100 présidents et 300 assesseurs pour les 480 bureaux de vote marseillais", a-t-elle fait savoir. Une formation des présidents des bureaux de vote a été organisée cette semaine.

La ville a aussi mis en place une indemnité pour les agents municipaux mobilisés: 200 euros pour les présidents et 160 euros pour les assesseurs.

Au prix d'une interprétation souple de la règle rappelée par le ministère de l'Intérieur : "Ceux qui participent à l'organisation du scrutin le font bénévolement."

Auxerre a déjà "l'ensemble des postes d'assesseurs pourvus pour le second tour", selon un responsable de la communication de la mairie. "On s'y est pris très en amont, car on a vu arriver le problème." La ville a notamment "envoyé un courrier à tous les nouveaux inscrits" pour leur proposer d'être assesseur.

Pas de problème non plus à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) - où les assesseurs "se sont engagés pour les deux tours", selon la mairie -, ni à Grenoble, qui a sollicité les inscrits sur les listes électorales.

A Paris, "il n'y aura aucun problème", assure Bruno Julliard, premier adjoint au maire: "Nous avons déjà 1.725 noms" sur les 1.792 nécessaires, le restant sera trouvé chez les candidats, parmi les électeurs ou les personnels de la Ville.

- Les partis mobilisés -

Envois de mails, appels téléphoniques: le PS des Bouches-du-Rhône "participe, et pas à la légère" à la recherche d'assesseurs et de présidents de bureaux de vote, rapporte l'un de ses responsables, Michaël Bruel.

M. Bruel estime que le PS bouchera les trous dans environ un quart des bureaux de vote du département. "On est encore en train de travailler et il y a des communes entières", où le Parti socialiste fournit les assesseurs, ajoute-t-il, notamment les petites communes rurales.

Le porte-parole du FN en région PACA, Franck Allisio, assure que son parti compte envoyer des assesseurs dans "environ 90% des bureaux de vote, comme au premier tour". "Ce sont nos adhérents, nos militants", et "nous avons également reçu des appels" de sympathisants de Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, explique-t-il.

Chez En Marche!, la référente départementale Corinne Versini tente "de mettre deux adhérents partout".

"Certains disent soutenir Emmanuel Macron mais n'envoient pas d'assesseurs", regrette-t-elle. "Mais ça nous permet de faire le tri entre ceux qui apportent un vrai soutien, qui sont motivés, et ceux chez qui ce n'est que de la poudre aux yeux."

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