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Bureaux de vote : doit-on vraiment craindre une pénurie d’assesseurs ?
Par Alice Bardo
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A chaque fois que vous allez voter ils sont là, prêts à tamponner votre carte d’électeur et à vous tendre un stylo pour que vous puissiez signer la liste d’émargement. Les assesseurs sont souvent deux par bureau de vote, parfois quatre. Et normalement, ils sont désignés par les candidats à une élection. Le Code électoral en atteste : « Chaque candidat (…) a le droit de désigner un assesseur et un seul pris parmi les électeurs du département » peut-on lire à l’article R44.
Cette fois-ci, la configuration du second tour complique un peu les choses. En effet, contrairement au PS et à la droite, le Front national et En Marche!, les deux partis des candidats présents au second tour, ne disposeraient pas de suffisamment de militants dans certains départements. « Les deux partis présentés cette année sont l’un - En Marche! - sans véritable assise locale, et l’autre - le Font national - composé de militants qui rechignent parfois à se faire connaitre », explique André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France. Maire d’Issoudun, dans l’Indre, il prend sa ville en exemple : « 30 assesseurs sont nécessaires et on en a seulement deux pour le FN et deux autres pour En Marche! »
« La pénurie ne vaut que pour les volontaires »
Mais alors doit-on vraiment redouter une pénurie d’assesseurs ? « Le terme de pénurie ne vaut que pour les volontaires », répond d’emblée André Laignel. Car le Code électoral a tout prévu. L’article R44 instaure la possibilité pour le maire de désigner des assesseurs « parmi les conseillers municipaux, dans l’ordre du tableau puis, le cas échéant, parmi les électeurs de la commune ». Une solution qu’André Laignel a rapidement mise en œuvre. Aujourd’hui, il peut se targuer d’avoir trouvé les 26 assesseurs qui lui manquaient. « On s’adresse à tous les démocrates », insiste t-il. Qu’importe le parti politique auquel ils appartiennent.
Pour lui, ce sont surtout les grandes villes qui vont être en difficulté car « il y a plusieurs bureaux de vote, qui nécessitent en tout plusieurs dizaines voire centaines d’assesseurs ». Et ces bureaux ouvrent plus longtemps, de 8h à 20h, contre 19h dans les petits communes : « Il y a une brigade le matin, et une l’après-midi », précise le vice président de l’AMF. Ce qui implique deux fois plus d’assesseurs. « Quand il faut plusieurs centaines d’assesseurs ça en fait beaucoup plus que de conseillers municipaux », constate André Laignel. Sans compter ceux qui ne peuvent pas assurer cette fonction, « pour une raison valable ». Il faut alors chercher parmi les électeurs de la commune, ce qui est à l’évidence plus difficile dans les grandes villes que dans les petites, où « on peut aller les démarcher directement ». Le maire d’Issoudun salue les démarches mises en œuvre dans certaines villes, comme le recrutement par internet.
Malgré tout, il se dit confiant : « Je pense que les maires sont suffisamment astucieux, dynamiques et prévoyants pour être capables d’apporter des solutions dans chacune des communes de France. » Il reconnait toutefois « une situation inédite » et admet que, cette année, la situation est « plus compliquée ». « Cela prouve que les partis anciens ont encore leurs vertus, à savoir être organisés et avoir des militants », finit-il par conclure.