Brexit et Irlande du Nord ou « l’intrusion du tragique de l’histoire dans l’institutionnel européen »

Brexit et Irlande du Nord ou « l’intrusion du tragique de l’histoire dans l’institutionnel européen »

Le 29 mars 2017, le Royaume-Uni déclenchait l’article 50 du Traité de Lisbonne, point de départ de la procédure de divorce entre Londres et l’Union européenne. Un an plus tard, alors que des compromis ont été trouvés, notamment sur le montant de la « facture du Brexit » et les droits des citoyens après la séparation, un flou demeure. C’est la question des trois cent soixante kilomètres de frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Les invités du plateau d’Europe Hebdo nous éclairent sur les implications majeures du Brexit sur l’île d’Irlande.
Public Sénat

Par Alexandre Delrieu

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Vingt ans après la signature de l’accord de Belfast mettant fin à trois décennies d’un conflit sanglant au Royaume-Uni, les négociations du Brexit ont réveillé l’épineuse question irlandaise, principal point de tension entre les négociateurs de l’UE et le gouvernement britannique. Depuis l’ouverture des négociations, les questions relatives au règlement financier du Brexit et aux droits des citoyens après le départ des Britanniques ont pu faire l’objet d’accords politiques et juridiques. Néanmoins, le sort de la frontière irlandaise soulève encore des difficultés.

180328-EUHE-extrait2unionistes-2logos
00:38

« La frontière, c’est deux communautés qui ont été séparées par la guerre jusqu’il y a vingt ans », rappelle Eric Maurice, rédacteur en chef d’EUobserver. Le député européen EELV Pascal Durand met ainsi en garde contre une éventuelle résurgence de « la tradition de résistance à l’occupation britannique » chez la frange la plus radicale des unionistes irlandais. « Il faut avoir peur qu’au sein même de l’Union européenne on voit des conflits se raviver […] Il faut qu’on reste sur une logique de démocratie, de paix et de négociation » insiste l’eurodéputé.

Les négociations dans une impasse ?

Selon le journaliste Eric Maurice, la seule solution viable afin d’éviter le rétablissement d’« une sorte de rideau de fer » entre les deux communautés serait alors « l’alignement des règles douanières ». C'est-à-dire « d’entériner l’unification économique de l’Irlande, et ça, ce n’est pas acceptable pour Londres ». Ainsi, il estime que les négociateurs se trouvent dans une situation d’impasse.

Pour Pascal Durand, cette impasse ne tient qu’à la position initiale du Royaume-Uni. « Il n’y a aucune solution si on regarde la position donnée par les Britanniques. Parce qu’en fait tout part d’un mensonge. Les partisans du Brexit ont expliqué qu’on pouvait être à la fois dedans et dehors, qu’on allait avoir les avantages mais pas les inconvénients ».

Europe Hebdo - Reportage à la frontière entre les deux Irlande
05:18

Vers une « sortie à la carte » ?

L’ancien secrétaire national des Verts estime que l’on s’oriente « vers une solution qui va être le pire qui pourrait arriver aux défenseurs » dans laquelle « l’Angleterre va se retrouver avec l’obligation de respecter l’ensemble des normes européennes, pour ne pas remettre de frontière entre les deux Irlande, et en même temps ne pourra plus participer aux décisions ».

Un statut qui serait comparable à celui de la Norvège, et qui obligera Londres à payer une contribution à l’Union européenne. Une solution qui mettrait les partisans du Brexit « devant leur contradiction », avance Marc Tarabella, député européen socialiste belge.  Et d’ajouter : « Ils nous ont emmerdé pendant quarante-trois ans à faire l’Europe et à la promotionner. Et maintenant qu’ils veulent partir, ils nous emmerdent encore en voulant faire une sortie à la carte ».

La ligne de l’eurodéputé est claire. « C’est une négociation. Il faut savoir si on est dehors ou si on est dedans ».

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Brexit et Irlande du Nord ou « l’intrusion du tragique de l’histoire dans l’institutionnel européen »
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Brexit et Irlande du Nord ou « l’intrusion du tragique de l’histoire dans l’institutionnel européen »
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le