Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Bras de fer entre la commission d’enquête du Sénat et Alexandre Benalla, qui refuse de s’y rendre
Par Public Sénat
Publié le
Il ne veut pas venir. Alexandre Benalla n’entend pas se rendre devant la commission d’enquête du Sénat. L’ancien chargé de mission de l’Elysée veut attendre la fin de sa procédure judiciaire. Son audition aurait pu avoir lieu la semaine prochaine, bien que la Haute assemblée ne l’avait pas officiellement confirmé.
L’avocat d’Alexandre Benalla, Maitre Laurent-Franck Liénard, a confirmé cette décision sur LCI, justifiant ce refus par le fait qu’« Alexandre Benalla est au cœur de l’information judiciaire. Il est mis en examen. Il réserve l’ensemble de ses réponses » aux enquêteurs sur les violences du 1er mai dernier, pour lesquelles il est mis en cause. Il acceptera « de répondre aux questions de la commission sénatoriale sitôt l'instruction close ». « Il ira dans 3 ans, s’il est convoqué dans 3 ans » ajoute l’avocat, un brin provocateur… Il fait valoir que les activités de son client étaient couvertes par « le secret professionnel » et que lui-même était « habilité secret défense ».
« Alexandre Benalla sera tenu de déférer à la convocation qui lui sera adressée »
Le président LR de la commission d’enquête, Philippe Bas, avait pourtant assuré que les sénateurs ne souhaitaient pas se substituer à l’enquête et ne comptaient pas interroger Alexandre Benella sur les faits du 1er mai dernier. C’est ce qu’a répété Jean-Pierre Sueur à Public Sénat ce mardi, mettant en avant les « très lourds dysfonctionnements à la préfecture de police, au ministère de l’Intérieur et à l’Elysée » (voir la vidéo). Le co-rapporteur PS de la commission d’enquête assure que l’ancien chargé de mission n’a en réalité pas encore reçu officiellement de convocation. En revanche, « s’il est convoqué, il se doit de venir » prévient Jean-Pierre Sueur. L’avocat lui affirme avoir reçu par mail la convocation. Mail que Le Figaro s’est procuré.
« Alexandre Benalla sera tenu de déférer à la convocation qui lui sera adressée » confirme dans l’après-midi, par voie de communiqué, les membres de la commission d’enquête. Les sénateurs rappellent au passage que se soustraire à cette convocation est passible d'une peine de 2 ans de prison et de 7500 euros d’amende (voir notre article sur le fonctionnement d’une commission d’enquête).
Le précédent Cahuzac
Autre argument : « La commission des lois du Sénat rappelle que le Parlement, dans le cadre de commissions d’enquête, a déjà eu dans le passé à auditionner des personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires. Ainsi, en juin 2013, M. Jérôme Cahuzac » s’était rendu devant la commission d’enquête de l’Assemblée.
Avant une possible audition d’Alexandre Benalla devant le Sénat, la commission d’enquête reprend ses auditions, dès ce mercredi matin. Trois auditions sont au programme avec François-Xavier Lauch, chef de cabinet d’Emmanuel Macron, Éric Bio Farina, commandant militaire de la présidence de la République, et Maxence Creusat, commissaire de police à la direction de l’ordre public et de la circulation de la préfecture de police de Paris. A suivre à partir de 9h30, en direct sur Public Sénat.