Boycott de la déclaration de Castex : les chefs de groupes du Sénat lancent une « alerte démocratique »

Boycott de la déclaration de Castex : les chefs de groupes du Sénat lancent une « alerte démocratique »

Les chefs des principaux groupes parlementaires au Sénat dénoncent d’une même voix lors d’une conférence de presse inédite, la « captation du pouvoir » et le « déni de démocratie » d’Emmanuel Macron après avoir boycotté le vote sur les nouvelles mesures sanitaires. 
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Par Héléna Berkaoui

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L’image est rare. Même « exceptionnelle » pour Bruno Retailleau. Côte à côte, les présidents de la plupart des groupes parlementaires de la Haute assemblée (LR, Union centriste, groupe écologiste, PS, groupe communiste) ont donné une conférence de presse ensemble ce jeudi après avoir boycotté le vote sur les nouvelles mesures sanitaires, détaillées par Jean Castex au Sénat. « On n’a pas voulu céder au piège que constitue ce vote, le gouvernement voulait qu’on vote sur rien, sur des mesures déjà prises, à quoi bon voter si tout était décidé », justifie le président du groupe LR au Sénat. Seuls 45 sénateurs sur 348 ont pris part au vote, pour un total de 41 suffrages exprimés, 39 pour, 2 contre. La grande majorité de l’hémicycle, droite et gauche confondue, a dénoncé « un simulacre de démocratie ». « Le Sénat a adopté, voilà », a commenté le président du Sénat, Gérard Larcher, laconique, avant d’étouffer un petit éclat de rire. Le débat s’était déjà déroulé dans une atmosphère houleuse le matin à l’Assemblée nationale.

« Nous avons à ce stade, zéro stratégie covid-19 »

« On a exprimé un désaccord sur la méthode, un désaccord sur le fond », développe le sénateur LR de Vendée Bruno Retailleau en fustigeant une stratégie vaccinale qui place la France au 50e rang mondial de la vaccination. « A quoi bon voter, si tout est décidé ? », avait-il demandé après le discours du chef du gouvernement sur les mesures de restrictions, pour expliquer que LR ne prendrait pas part au vote.

« Nous avons à ce stade, zéro stratégie covid-19 », abonde le président du groupe socialiste Patrick Kanner justifiant à son tour le boycott du vote : « Le président de la République doit entendre qu’il ne peut pas seul décider pour tout le monde dans le bunker du Conseil de défense, ce n’est plus possible ».

« Cette forme d’autosatisfaction permanente, de captation du pouvoir par un seul homme est contraire au bon fonctionnement de notre démocratie et met en péril potentiellement notre République en favorisant le populisme », alerte Patrick Kanner.

La présidente du groupe communiste, Éliane Assassi, appuie sur le caractère « inédit que des groupes politiques aboutissent à la même décision de ne pas participer à un vote ». La sénatrice de Seine-Saint-Denis dénonce, d’une même voix, « un déni de démocratie qui s’installe insidieusement dans notre pays ».

C’est une « alerte démocratique » pour le président du groupe centriste, Hervé Marseille. « On ne peut pas continuer comme ça, il y a des institutions et l’action d’un seul homme, fusse-t-il le président de la République, ne peut pas constituer l’alpha et l’oméga de la politique française », tonne le sénateur des Hauts-de-Seine. « Nous avons voulu le marquer de façon assez solennelle parce que c’est une dérive », explique-t-il encore.

Ce geste « témoigne de la gravité du moment et de notre colère », insiste la sénatrice écologiste, Esther Benbassa pour qui « nous avons besoin en ce moment d’état d’urgence besoin d’une vraie démocratie et d’une vraie concertation ». Hier soir déjà, après l’allocution télévisée du chef de l’Etat, les principaux présidents de groupes saluaient les mesures de fond mais déploraient la méthode de prise de décision d’Emmanuel Macron. « Les choix d’un homme seul », pilonnent-ils en boucle.

Peu de partisans du gouvernement

Les soutiens du gouvernement se comptent sur une poignée de main. Le président du groupe RDPI à majorité En Marche François Patriat a défendu les choix du gouvernement, récusant les accusations de « fausse concertation » dans une atmosphère houleuse. Disant comprendre « l’agacement » de ses collègues, le président du groupe Indépendants Claude Malhuret a, lui, défendu la participation au vote, n’estimant « pas possible […] de ne pas prendre nos responsabilités ».

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