Blocage des universités “cela n’a rien à voir avec mai 68” pour S.July

Blocage des universités “cela n’a rien à voir avec mai 68” pour S.July

Peut-on comparer mai 2018 à mai 1968 ? 50 ans après la contestation étudiante reste une référence pour le mouvement social. Un évènement contestataire qui a ébranlé la société gaullienne à l’époque, son mode de fonctionnement et ses mœurs. Doit-on voir dans le blocage actuel des facultés une continuité ou bien la page est-elle définitivement tournée ?
Public Sénat

Par Adrien BAGET

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Alors que les mouvements étudiants s'opposent à la réforme et le principe de la sélection à l’université voulu par le président Macron, les événements de mai 68 sont dans toutes les mémoires. Assiste-t-on au retour d’un nouveau mai 68 ou bien au départ d’une nouvelle histoire ? Pour Serge July vice-président du syndicat étudiant l'UNEF en 1968, et témoin de premier plan de cet évènement « il s’agit d’une nouvelle histoire, il ne faut pas à chaque fois dire un nouveau mai 68… non cela n’a rien à voir...ce sont des étudiants qui se battent face à des lois et des circuits que l’on cherche à leur imposer, mais ce n’est pas pour autant la même histoire qui se reproduit ». Alors pas de nostalgie ni d’espoir mais bien un souci de ne pas tomber dans l’anachronisme historique. C’est le cas de Philippe Artières, historien et directeur de recherche au CNRS,  « il est important de se garder d’anachronisme car en mai 68 les étudiants sont minoritaires dans la jeunesse (…) c’est une société qui sort de la reconstruction, qui est très jeune et massivement ouvrière ».

 « il est important de se garder d’anachronisme car en mai 68 les étudiants sont minoritaires dans la jeunesse ».

Pour Philippe Artières le pouvoir n'a pas en tête le spectre de mai 68. Emmanuel Macron est né après 1968, le gouvernement a plus en mémoire d’autres mouvements de fronde « il y a eu beaucoup d’évènements qui sont venus entre, je pense aux lois Devaquet qui nous ont beaucoup marquées avec la mort de Malik Oussekine (…) il y a peut-être ce type de spectre là ».

68 d'abord un conflit de génération

À la différence d'aujourd'hui en mai 68, il s'agit d'abord de contester l'autorité du père, de l'état...plus qu'une revendication d'accès égal à l'université comme aujourd'hui. Nous sommes le 20 février 1968 et les revendications étudiantes se font jour dans les universités notamment celle de Nice. Cependant une des origines du mouvement de mai 68 se trouve en 1964 avec les évènements de Berkeley aux États-Unis qui pose les bases de la contestation. Pour Serge July « on a tous inventé là-bas, à la fois ces formes d’interpellations d’apostrophes, les sit-in, le pacifisme qui va être importé dans le monde entier, alors qu’en France cela arrive un peu tardivement, on est à la fin de la séquence ». Alors quelles sont les véritables revendications des étudiants de l’époque ? Ces revendications pour Philippe Artières se décomposent en deux choses « des revendications sur la question de la mixité portée par des garçons, ils veulent que les filles puissent venir dans leurs piaules (…) le fait aussi qu’ils sont mineurs jusqu’à 21 ans face à l‘autorité du père ». Alors faut-il en conclure qu’il s’agit avant tout d’un conflit de génération ? C’est un point très important pour Serge July, car « on visualise aujourd’hui les choses avec une majorité à 18 ans, on se dit alors c’est quoi ces revendications (…) à l’époque la majorité c’était 21 ans ».

Une possible convergence des luttes ?

Alors que le 22 mai 1968 les ouvriers entrent dans le jeu sur le site de Boulogne-Billancourt, une convergence des luttes à lieu à ce moment. Alors que s’accumulent les contestations face aux projets de lois du gouvernement Philippe, certains évoquent déjà une possible convergence des luttes entre le monde ouvrier et le monde étudiant.  Pour autant Serge July souligne « qu’il s’agit encore une fois d’un anachronisme, on pose une question qui ne fonctionne plus de la même manière (…) en 1968 un tiers des Français à moins de 20 ans et une grande partie ne sont pas étudiants, il y a des jeunes qui vont travailler en usines et dans les mêmes familles on a des ouvriers, des étudiants, des agriculteurs ». La convergence des luttes était naturelle aujourd'hui ce n'est plus cas.

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Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

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